dimanche 26 décembre 2010

L'homme qui venait du froid

Le froid bloque l'Europe depuis le début de la semaine et plus particulièrement la France. Le givre a empêché nos avions de décoller faute de Glycol, entrainant le blocage de milliers de personnes dans les aéroports ou sur notre sol. Bon gré mal gré, certains se sont retrouvés contraints de visiter notre beau pays. J'en ai rencontré un par hasard dans un restaurant parisien. Venu de la Belle Province pour aller en Irlande pour ses affaires, il avait fait une escale malheureuse à Roissy. Bloqué 4 jours, sans bagage, il était contraint de refaire sa garde-robe et de faire du tourisme. Il aurait pu nous en vouloir, reconnaissez-le ! Eh bien, savez-vous de quoi nous avons discuté ? De la politique du gouvernement canadien en termes de développement durable... Ca ne m'a pas frappé tout de suite mais avec du recul je trouve l'attitude de ce jeune homme assez exemplaire de ce que nous ont transmis les stoïciens, et parmi eux, Marc-Aurèle. "Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre." Question de culture ? Peut-être ! Question de caractère ? Va savoir! Question d'environnement ! Je serais curieux de voir la réaction de ce même jeune homme dans une autre situation, mais, je pense qu'il agirait ou réagirait de la même manière.
Comme quoi le givre peut bloquer des avions mais pas les esprits en mouvement !
Joyeuses fêtes à ceux qui sont dans la difficulté et puisse cette petite histoire leur apporter un peu de sourire s'ils l'ont perdu dans la bataille.

dimanche 19 décembre 2010

Plébiscite pour de nouvelles organisations du travail

Si vous avez 18 minutes devant vous, regardez ça si vous êtes intéressés par la motivation au travail. C'est décoiffant, enthousiasmant et révolutionnaire

samedi 18 décembre 2010

Le changement, c'est complexe ou compliqué ?

Et d'abord connaissons-nous la différence entre complexité et complication ? Chercher une définition simple de la complexité reste une sinécure... mais, en simplifiant, nous pouvons dire que ce qui est considéré comme complexe contient un grand nombre d'éléments en interaction les uns avec les autres et dont l'interdépendance est difficilement prévisible. Si nous nous rappelons nos cours de mathématiques, un nombre complexe est constitué d'une partie réelle et une partie imaginaire-sic!- Les mathématiciens sont en réalité de grands poètes... Pour illustrer la complexité par-rapport à la complication, une image ferait-elle mieux l'affaire ? Un avion peut être considéré comme compliqué parce que démontable, explicable, prévisible. Un plat de spaghettis sera considéré comme complexe ! Essayez de prévoir les spaghettis que vous allez enrouler sur votre fourchette quand vous la plantez dans le dôme de pâtes qu'on vient de vous servir...
Si le changement était compliqué, dans cette acception du terme, il serait facile à prévoir et donc facile à gérer. Nous savons tous intuitivement que c'est loin d'être le cas, qu'il s'agisse d'un changement de soi ou d'un changement familial ou d'organisation en entreprise.
Oui le changement est complexe et nécessite d'adopter des comportements différents pour mieux l'aborder et le gérer
Lâcher prise sur nos certitudes
Les incongruités sont souvent un bon indicateur, estime Donald Sull, professeur de management à la Business School de Londres et auteur des Bienfaits de la turbulence http://ow.ly/3reoc (The Upside of Turbulence : Seizing Opportunity in an Uncertain World) Elles se produisent quand on remarque que quelque chose ne se conforme pas à nos hypothèses et nous surprend. “Les incongruités sont de véritables cadeaux, parce qu’elles nous indiquent des directions où votre carte mentale n’est pas conforme à la réalité.” Comme Renault qui, lors de la sortie de sa Twingo, imaginait en vendre beaucoup à ses jeunes clients. Surprise ! Ce sont les personnes âgées qui en ont acheté le plus. Les considérer comme des opportunités plus que comme des obstacles nous permet de mieux réagir.
Arrêter de chercher à comprendre et à prévoir l' imprévisible
Centrons-nous sur une observation de ce qui arrive, pas sur le pourquoi ça arrive. Le problème a tendance à masquer l'objectif : regardons l'objectif plutôt que le problème. Se lamenter sur le fait qu'une fois de plus nous n'avons pas réussi à arriver à l'heure au travail et à rejeter la faute sur cette panne de métro ne vous avancera guère. Acceptez que cela ne dépendait pas de vous et que demain vous prendrez un peu plus de marge, voilà tout.
Suivre ses intuitions
Comme nous ne pouvons pas prévoir de manière rationnelle comment le système que nous sommes en train d'essayer de changer - et nous sommes tous des systèmes en tant qu'être humain- va réagir, notre intuition va pouvoir nous aider. L'intuition nous offre cette pensée globale, holistique, cette prise en compte de l'ensemble, cette prise de hauteur, qui va nous envoyer des signes pour mieux agir.

"C'est avec la logique que nous prouvons et avec l'intuition que nous trouvons" (Henri Poincarré)



dimanche 12 décembre 2010

Psychologramme

Vous avez aimé Matrix ? Alors allez voir ce petit court métrage. downloaded Psychologram http://is.gd/iBoAw with #RealPlayer http://real.com/t
Vous pouvez aussi les visionner sur le site http://psychologram.com/Psycho.html
Le paradigme holographique y est développé de manière très complète et invite sans aucun doute au voyage, à un changement de perception de notre réalité, à des questionnements décoiffants.

samedi 4 décembre 2010

L'eau : un modèle du changement pour l'homme

La ville est sous la neige et le soleil vient éclairer cette merveille de la nature. Quelle beauté ! L'eau est définitivement un élément incroyable.
L'eau recouvre 70% de la surface de la Terre, compose 65% du corps humain, elle est depuis la nuit des temps source de vie et objet de culte. La composition chimique de cette molécule est d'une simplicité déconcertante - deux atomes d'Hydrogène et un atome d'Oxygène- et pourtant son comportement est d'une complexité rare dans le monde de l'infiniment petit.
A l'état vapeur, l'eau est d'une telle puissance qu'elle peut percer en quelques heures une canalisation métallique de plusieurs centimètres d'épaisseur. A l'état liquide, l'eau est considérée comme le solvant universel dissolvant la plupart des éléments présents sur Terre. A l'état solide, vous avez surement pu observer sa force si vous avez laissé une bouteille d'eau dans votre congélateur... Une avalanche de neige peut tout détruire sur son passage.
Son polymorphisme est si infini que les états que peut prendre cet élément occupe encore aujourd'hui de nombreux chercheurs et météorologues. Les crstaux de glace peuvent prendre 7 formes de base (étoile, bouton de manchette, plaquette, colonnes creuses, dendrites etc) et 3 modes de précipitation (la neige, la glace et la grêle) et toutes ces formes varient en fonction de la température et de l'humidité présente. Dans certaines conditions les trois états- vapeur, liquide, solide-peuvent être simultanément présents.
La réversibilité des changements d'états de l'eau est aussi tout à fait étonnante. Si vous prenez une molécule d'eau pure et lui faites subir un cycle complet de l'état solide à l'état vapeur et retour, elle n'aura subi aucune dégradation !
A l'état liquide, l'eau démontre à la fois sa capacité d'adaptation à son environnement et sa force à faire son propre chemin : les fleuves font parfois des détours étonnants pour contourner les obstacles et continuer leur route vers la mer. (Méandre de la Sioule à Queuille en Auvergne).

Puissance, polymorphisme réversible et capacité d'adaptation : trois "compétences" de cet élément qui pourraient nous servir de modèle de changement. Comment mettre en œuvre nos ressources personnelles en situation de changement pour rester puissant ? Comment adopter des comportements, des capacités, des croyances, des identités multiples face aux éléments auxquels nous avons à faire face ? Comment développer cette agilité propre aux champions du changement ?
Dans le film Samsara- bande annonce ici http://www.youtube.com/watch?v=pHQf1twI6HI, une énigme est inscrite sur la surface d'une pierre "Comment faire pour qu'une goutte d'eau ne s'assèche jamais ?". Connaissez-vous la réponse qui est inscrite au dos de cette pierre ? "En la jetant à la mer". Du grand cycle de l'eau au Grand Cycle de l'Homme, il n'y a qu'un pas qu'il est tentant de franchir, vous ne trouvez pas ?

dimanche 28 novembre 2010

Et les pierres deviennent vivantes...

Chris est géologue. Il m’accompagne lors d’une randonnée en montagne. Il a voué sa vie à l’étude et à l’observation de la Terre en surface et en profondeur. Il est en quelque sorte un observateur de l’espace-temps. La matière qu’il observe est vieille parfois de plusieurs millions d’années. Du coin de leurs éclats de quartz ou de calcite, ces minéraux nous donnent de belles visions du passé. Ils nous disent aussi comment ils ont résisté aux changements climatiques qu’ils ont subis.

- Chris, dis-moi ! Comment se fait-il que cette pierre soit plissée ? On dirait une peau de Shar-pei, tu sais ? ce chien d'origine chinoise ?
- Oui, il y en a beaucoup par ici. Nous sommes sur un ancien passage de glacier.
- Un glacier qui passe ? fis-je l’air étonné

- Oui. Pour expliquer ce phénomène, il faut comprendre comment se constitue un glacier et comment il évolue. Tout glacier est constitué de trois zones : la zone d'accumulation où la pluie se transforme en glace, la zone de transport où le glacier est le plus épais et la zone d'ablation enfin où la fonte importante provoque la formation d'une colline ou d'un amas désorganisé de glace

- D'accord. Et alors ?

-
Et bien, c’est dans la zone de transport que l'érosion glaciaire est à son maximum. Les pierres y sont soumises à des forces gigantesques, plusieurs tonnes par centimètre carré. Les plis que tu vois sur cette pierre sont le résultat d’un frottement entre sa surface et les amas de pierre et de glace qui lui sont passés sur le dos. Belle résistance non ? Souplesse de la pierre, dureté relative et mouvement minéral ; tout dépend bien des conditions qui l’entourent. Tout bouge en fait, tu sais, même l’immobile. Il parait que les moines zen s’entrainent à regarder les pierres bouger, me fit-il avec un clin d’œil.

Même ce qui nous semble être immobile est mouvant. Et vous ?

dimanche 21 novembre 2010

Encore une histoire de mobilité. Téléportation : le thème de la biennale internationale du design de St Etienne.

Cette année, le thème de la biennale du design de St Etienne est "La téléportation". Stéphane Paoli qui enregistre en ce moment son émission 3D sur France Inter invite des physiciens, des designers, des informaticiens pour échanger sur ce thème. Le temps, l'espace, la beauté et la mobilité à l'intérieur de ces dimensions y est abordée de manière juste, décoiffante et lumineuse http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/journal-3D/index.php?id=95376 .
On y parle de la "vraie" téléportation ( La science sans fiction - Une équipe de l'Université de Genève effectue la première téléportation quantique à longue distance! http://www.unige.ch/presse/communique/02-03/0130quantique.html), de la téléportation "virtuelle" avec Internet, Second Life et la radio (le premier système de téléportation ?!). L'art, la physique et le sens de nos vies s'y trouvent interrogés. Magnifique !

Une sorte de vérité énoncée par l'un des invités de l'émission m'a frappé " Dans une phrase, c'est le vide entre les mots qui en donne le sens."
L'acceptation du vide n'est-elle pas le premier pas à faire pour donner du sens à ce qui nous entoure ?

Bon Dimanche !

PS : Extrait de l'émission : L'inventeur du neutrino, particule élémentaire, Wolfgang Pauli, imagine ce concept. 20 ans après, une équipe de chercheurs démontre son existence. L'équipe en informe Mr Pauli et Mr Pauli répond "Je le sais ! "

vendredi 19 novembre 2010

Une autre histoire de mobilité, au Zankskar cette fois

"Il faut quelque fois savoir abandonner ses enfants pour les sauver". Phrase choc qui vient terminer cette belle vidéo de présentation du film "La traversée du Zankskar".

Journey from Zanskar tells the story of two monks, seventeen children and some of their parents who undertake a journey in order to give the children better schooling and to pass on the tibetan (buddhist) culture at the same time.
http://ow.ly/3cqra

Une première tentative échouée à pied pour passer les cols de plus de 5000 mètres d'altitude, pour revenir à leur point de départ et repartir en jeep et en bus de Padum à Dharamsala. Les parents de ces 17 enfants pleurent à leur départ, les grands-mères pleurent encore plus ne sachant pas si elle reverront un jour leurs petits-enfants.

"Il faut quelque fois savoir abandonner ses enfants pour les sauver". Belle leçon d'humanité et de mobilité.

dimanche 14 novembre 2010

Santé, solidarité, liberté, changement : des caractéristiques communes aux retraités en camping-car et aux nomades de l'esprit

Selon une étude réalisée par un couple d’anthropologues ontariens, dont fait mention VRcamping (VR = Véhicule Récréatif), les campeurs et les caravaniers se sentent plus en santé que s’ils ne voyageaient pas puisqu’ils restent actifs. C’est la conclusion à laquelle en sont venus Dorothy et David Counts, auteurs du livre Over the Next Hill, an ethnography of RVing seniors in North America, après avoir parcouru le Canada et les États-Unis à bord de leur VR. Le couple a également souligné la richesse des rencontres et des découvertes ainsi que la paix d’esprit qu’amène le fait de voyager avec sa maison. Autre élément révélé par l’étude: l’importance de l’esprit communautaire. Les propriétaires de véhicules récréatifs ont à cœur d’échanger avec ceux qui partagent leur passion. Serge Loriaux le confirme: «Voyager de cette manière permet de s’ouvrir aux gens qui nous entourent. Quand vous êtes dans une maison, le voisin peut aimer la course automobile, mais pas vous, par exemple. Dans un camping, les gens sont comme vous, ils ont voyagé partout. C’est un monde à part.» Le point commun de ces nomades aux tempes grises? «Le goût de la liberté et de vivre dans la nature, croit M. Loriaux. Nous ne passons pas tout notre temps dans nos VR! Nous sommes dans un site de camping, à l’extérieur, avec un patio, des chaises… Nous jasons avec les voisins.» Choisir de vivre dans un VR est également une bonne manière de fermer un chapitre et d’en entamer un nouveau. La vie suit son cours, les enfants ont quitté le nid, d’autres familles viennent créer le leur et le quartier change de visage. «Quand on est plus jeunes et qu’on élève des enfants, c’est bien d’avoir une maison, conclut M. Loriaux. Mais rendu à notre âge, on est plus anonyme.» Sur la route, on regarde droit devant...
(Source www.canoe.ca La retraite en VR-
Marie-Julie Gagnon - Collaboration spéciale
© Serge Loriaux
)

Belles réflexions de ces nomades et belles leçons encore :
  • Vivre en meilleure santé : nomades géographiques ou nomades de l'esprit, vous profiterez d'une santé plus solide, d'un esprit plus alerte et d'une plus grande énergie
  • Vivre la solidarité : tous les nomades vous le diront ; les motards, les randonneurs, les "voileux". Dès lors qu'il reconnait chez l'autre un moyen de déplacement commun, il se sent plus proche et plus solidaire. En est-il de même pour les nomades de l'esprit ? Les internautes font preuve en tous cas d'appartenance à une communauté, l'explosion des réseaux sociaux en est une marque, les blogs et sites dédiés aux nouveaux paradigmes économiques, une démonstration. La solidarité fait-elle partie des valeurs de ces communautés ?
  • Vivre en liberté : Prôner la liberté de se déplacer comme, où et quand ils le souhaitent comme une valeur fondamentale de vie quotidienne semble être une caractéristique commune là encore à tous les nomades, y compris, bien entendu, les nomades de l'esprit
  • Vivre le changement, un passage d'un état à un autre ; cela n'est pas sans rappeler la symbolique du labyrinthe. La marelle, ce simple dessin qui nous faisait passer de la Terre au Ciel en poussant une pierre avec la pointe du pied en est une illustration qu'on retrouve dans tous les labyrinthes occidentaux ou orientaux. Le nomadisme comme un moyen de passer d'un état à un autre ; assurément une bonne manière de voir le nomadisme de l'esprit comme un facteur de réussite de changements.
Nomadisons donc, dans nos corps, dans nos cœurs et dans nos têtes ; l'abus ne nuit pas à la santé, bien au contraire !

jeudi 11 novembre 2010

Intuition, nomadisme et Kairos

Kairos est un jeune éphèbe grec qui ne porte qu’une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, soit on ne le voit pas, soit on le voit et on ne fait rien, soit, au moment où il passe, on tend la main pour saisir sa touffe de cheveux et l’arrêter . Kairos a donné en latin Opportunitas (opportunité, saisir l’occasion). Le kairos se rattache à un certain type d’actions qui doivent être accomplies «à temps» et ne tolèrent ni le retard, ni l’hésitation. Le Kairos est le temps de l'occasion opportune, un moment où le temps se "densifie", la perception d'un point de basculement en est presque matérielle. Difficile à se représenter dans nos langues modernes, le Kairos représente à la fois l'action et le temps, le général et le particulier, la compétence et la chance, la destinée et l'autonomie. Le Kairos est finalement plus proche d'une vision orientale du monde où tout est dans tout , la lumière et l'ombre, le positif et le négatif, l'opportunité et la menace.
Le nomade pourrait être nommé "Kairien" lorsqu'il est en terrain étranger ; il aiguise ses sens, les met en alerte, sort ses antennes. Son être tout entier embrasse ce qui l'entoure. Il est à l'affut des moindres détails, des moindres mouvements, des moindres modifications. Son intuition l'aide à "comprendre" plus rapidement son environnement et à attraper la touffe de cheveux du Kairos quand elle se présente. A l'instant où vous lisez ces lignes, le monde qui vous entoure, comme vous d'ailleurs, a déjà changé. Vous êtes nouveau dans un nouveau monde et le Kairos peut passer à côté de vous. Saisissez-le !

dimanche 7 novembre 2010

Les neo-nomades

3 millions d'années séparent l'apparition des premiers hominidés de leur début de sédentarisation avec l'apparition de l'agriculture, et seulement 10 000 ans séparent cette sédentarisation de notre XXIème siècle. Certains n'hésitent donc pas à affirmer que nos comportements fondamentaux de chasseurs-cueilleurs ne sont pas prêts d'être gommés et remplacés par ceux des cultivateurs-éleveurs.
Le développement des technologies de l'information et de la société 2.0 a permis la mise en évidence de ces comportements néo-nomades. David Berreby, écrivain scientifique, dit de ce phénomène "L'économie de l'information, création purement humaine, reproduit notre environnement ancestral, en remplaçant les paysages et les moissons par une version virtuelle" (Strategy+Business)
.
Nomades 2.0 ou Digital Nomades, i
ls sont hyper interconnectés - communautés ludiques, réseaux sociaux, forums, blogs, ...-, prônent la liberté de mouvement numérique- la "guerre" entre le pouvoir chinois et Google, les images pirates des événements au Tibet en 2009 ou partout où la censure est présente en sont des démonstrations éclatantes-, adoptent des attitudes de chasseurs-cueilleurs digitaux lorsqu'ils sont sur la toile - recherche en arborescence, progression intuitive, "fouineurs" invétérés-
Voici la caractérisation anthropologique d'un petit groupe de chasseurs-cueilleurs nomades dans le désert du Kalahari en Namibie ;
· Leur valeur ultime est la liberté de mouvement.
· Il existe une forte valorisation de l'autonomie personnelle des adultes.
· La plupart des comportements d'auto-satisfaction ou de domination sont proscrits.
· Ceux qui ne font pas preuve d'altruisme se voit opposer des sanctions morales.

Berreby suggère que le cœur du nomadisme repose sur une éthique égalitaire fondée sur une aversion du modèle du mâle dominant. Communauté, transparence, confiance et recherche de performance représentent à ses yeux les valeurs modernes de ces nomades digitaux. Ceci vient bousculer les discours trop communément véhiculés sur la génération Y : on les dit anti-sociaux frôlant l'autisme , indépendants frisant l'égotisme, hyperconnectés effleurant la déconnexion de la réalité. Ils sont peut-être l'embryon d'un nouvel esprit nomade qui comme sur la toile aura une progression virale, espérons-le !


Source ; http://www.digitalnomads.com/blog/

dimanche 31 octobre 2010

Les leçons des champions du changement

Être léger : le nomade part léger, il porte peu, garde l'essentiel, priorise en permanence en fonction du poids que cela représente pour lui. Légère la charge sur son dos, léger le poids dans sa tête. Pour changer, la charge que nous emportons est souvent trop lourde. Commençons par nous décharger de ce qui nous encombre inutilement.

L’espace est le temps : nomade, vous pensez espace-temps, comme si ces deux dimensions se rejoignaient. Pas seulement temps mais espace associé, pas seulement espace mais temps associé

Être invisible pour se protéger ; devenir invisible nous permet parfois de nous protéger dans un processus de changement comme le phasme qui devient invisible à ses prédateurs. Regardez les tentes des bédouins dans le désert ! Quand vous êtes en changement, comme vous êtes fragiles, protégez-vous ! Ne vous montrez pas trop !

Se retrouver et se ressourcer : Bouger c'est se retrouver face à soi et découvrir de nouvelles ressources pour avancer. Changer, ça "dégraisse" !

Être solidaire : l'accueil est une des valeurs communes à tous les champions du mouvement. Si vous êtes en train de changer, restez attentifs à ceux qui bougent aussi autour de vous ! Ils ont peut-être besoin de vous ...

Migrer pour trouver un climat plus agréable : une des préoccupations des gens en mouvement : l'environnement. Comme ces migrateurs qui recherchent un climat plus favorable, mettez vous en quête de ce qui favorise votre épanouissement.

Accepter de se perdre et en faire un jeu : ce picotement de ne pas savoir où l'on va.. acceptez-le comme un jeu et prenez-le comme tel. Si vous vous perdez vous allez vous retrouver...

Savoir se repérer : un nomade développe une attention particulière à ce qui l'entoure. Ce qu'il traverse représente pour lui une expérience. Bonne ou mauvaise, il devra s'en resservir plus tard. Prenez vos repères pour changer, pour ne pas vous retrouver dans le vide. Recréez votre nouvel environnement.

Rester sur ses gardes : en changement nous sommes fragiles. Nous devons rester sur nos gardes. Les sédentaires peuvent nous en vouloir, nous jalouser, alors, ils peuvent nous nuire.

Faire confiance à son intuition : intuition et changement sont intimement liés. Développez votre intuition, faites-lui confiance, faites-vous confiance !

Changer pour apprendre et progresser : ceux qui bougent apprennent tous les jours et progressent plus vite que ceux qui ne bougent pas. Le monde est si vaste et il a tant à nous apprendre : monde géographique ou historique, monde spirituel ou scientifique, monde d'aujourd'hui ou de demain.

Savoir affronter la solitude : changer est un acte solitaire. L'accepter c'est l'adopter !

Être conscient: conscience et changement se tiennent la main. Sans conscience, pas de mouvement. "Le simple regarde le doigt quand on lui montre l'étoile"

La naissance du papillon est la mort de la chenille : le premier pas vers le changement peut représenter notre propre mort. Mais n'est-ce pas ça la nouvelle vie ?

Se perdre pour mieux se retrouver pour devenir qui nous sommes et finalement

S’envoler


lundi 25 octobre 2010

Retour au Ladakh, auprès des victimes des inondations. LeMonde.fr

Un conte sur le changement : "Le pèlerin, le phasme, la cigogne, le moustique et le papillon". Dernier épisode

La lumière du jour et les bruits des randonneurs réveillèrent doucement notre pèlerin. Il se prépara rapidement et reprit sa route après avoir salué chaleureusement ses hôtes.
Du vallon dans lequel était niché l’abri dans lequel il avait passé la nuit, le chemin qu’il avait décidé d’emprunter remontait doucement vers une belle forêt. Il prit son temps pour profiter pleinement de sa promenade en levant les yeux vers le faîtage des grands arbres qui l’entouraient. Aussi loin qu’il portait son regard, il ne voyait que du vert et du brun, des rais de lumière venant illuminer les clairières comme des projecteurs de scène. A tout moment, il s’attendait à voir surgir une fée magnifique sur sa blanche licorne.
La tête encore dans ses rêves, le marcheur ne se rendit pas compte que quelqu’un l’observait : un papillon s’était posé sur son épaule.
- Bonjour, dit-il.
Le pèlerin sursauta. Le papillon lui avait parlé très près de son oreille. Il tourna la tête et vit le magnifique insecte. Ses ailes bleues et mauves battaient doucement.
- Bonjour, répondit-il. Vous m’avez fait peur vous savez ? Vous pourriez prévenir !
- Je suis navré, cher Monsieur. Ce n’était pas mon intention.
- Je vais en profiter pour faire une petite pause, proposa le pèlerin, en visant une grosse pierre sur laquelle il pourrait s’asseoir.
Le papillon prit son envol pour laisser au marcheur le soin de poser son sac, puis il se reposa sur sa main.
- Vous permettez ? fit le papillon
- Avec plaisir, répondit-il avant de dire au papillon. Depuis hier, je rencontre beaucoup de gens qui me posent toujours la même question. Alors je pense que vous aussi vous allez me demander pourquoi je marche ?
- Heu ! A vrai dire, ce n’était pas tout à fait la question que j’envisageais de vous poser, mais on peut commencer par celle-là, si vous voulez.
- Avant de répondre, et comme vous êtes vous aussi un champion du changement, j’aimerais vous poser une question : qu’est-ce qui vous amène à passer d’un état de chenille à un état de papillon ?
Le papillon regarda l’homme un peu surpris.
- Je ne comprends pas ce que vous dites. Je suis et j’ai toujours été un papillon.
- Mais non, rétorqua l’homme, avant d’être un papillon vous étiez une chenille, vous ne le saviez pas ?
- Je sais seulement que je suis sorti d’un cocon et que je me suis envolé, fit l’insecte qui ne comprenait toujours pas ce que l’homme bizarre lui racontait.
- Bon, ce n’est pas grave ! Laissez tomber !
- Ah ! Mais non, vous n’allez pas vous en tirer comme ça ! Expliquez-moi ! Que voulez-vous dire ? se mit en colère le papillon.
- Très bien, très bien. Je vais vous expliquer, dit le pèlerin doucement pour calmer l’animal. Vous êtes un insecte appelé lépidoptère dont la forme adulte est appelée papillon. Vous pondez des œufs qui donnent naissance à des larves, qui deviennent chenilles puis papillons.
Le papillon, incrédule, regarda l’homme fixement et lui dit :
- J’étais une chenille, moi, avant ?
- Oui, comme tous vos congénères. Et c’est étonnant de voir cette magnifique mutation, dit le pèlerin admiratif.
- Et bien, vous venez de m’apprendre quelque chose d’incroyable et d’essentiel pour moi. Je vous remercie. Je vais surement mettre du temps pour admettre cela mais je réagirai différemment quand je rencontrerai une chenille.
- La conscience est maintenant votre amie la plus sure, dit le marcheur à son nouvel élève. Et puis, vous savez pour vous, votre changement d’état était une naissance alors que pour la chenille que vous étiez, c’était la mort !
- Décoiffant comme une bourrasque en haut d’un chêne ! Je vais y réfléchir. Alors, revenons à notre première question. Qu’est-ce qui vous fait marcher, Monsieur ?
- Et bien, ce que nous venons de dire m’a permis de réfléchir. Je pense au fond que je marche pour me perdre et ainsi mieux me retrouver. C’est ça ! pour devenir qui je suis, continua le pèlerin qui semblait avoir découvert quelque chose de très important pour lui.
- Alors, j’ai une dernière question, lança le papillon tout joyeux.
- Allez-y, je vous en prie.
- Et vous ? Pourquoi ne volez-vous pas ?
Et le papillon s’envola guilleret en laissant l’homme tout étonné avec ses leçons et sa question sans réponse… pour l’instant.

dimanche 17 octobre 2010

Le pèlerin, le phasme, la cigogne, le moustique et le papillon- 3ème épisodeUn conte sur le changement-

La nuit tombait et le pèlerin hâta le pas vers un vallon qu’un marcheur lui avait indiqué et où, lui avait-il dit, il trouverait un abri confortable. Une fois arrivé, l’accueil qu’il reçut le réconforta : l’endroit tenait ses promesses. Toutefois et sans savoir pourquoi, ses sens se mirent aux aguets. Il s’installa dans le gîte, prit une douche et attendit que le repas fut servi, en repensant à sa journée. Il prit note dans son carnet de ces quelques mots :

L’espace est le temps, être léger, être invisible pour se protéger, se retrouver et se ressourcer, être solidaire, migrer pour trouver un climat plus agréable, accepter de se perdre et en faire un jeu, savoir se repérer.

- Belles leçons ! se dit-il.

Une cloche se fit entendre pour signifier aux marcheurs que le repas était servi. Plus de dix convives se rassemblèrent autour de la table. La nourriture était bonne et abondante. Les discussions s’entrechoquaient. Les rires fusaient. L’ambiance devenait pourtant électrique mais, il semblait que personne ne s’en apercevait. Tout à coup, un orage éclata. D’un bond, notre pèlerin fut debout. Il fonça au premier étage où il avait laissé ses affaires. Il surprit un des convives en train de fouiller dans son sac.

- Que faites-vous là ? lança-t-il

L’autre, sans attendre, lâcha tout et partit en courant. Il le poursuivit jusque dehors où la pluie commençait à tomber fort. Le voleur disparut dans la nuit.

- Être sur ses gardes reste une qualité indispensable lorsqu’on n’est pas chez soi, n’est-ce pas ?

Quelqu’un dans le noir lui avait lancé cette question, comme s’il savait ce qu’il s’était passé depuis le début de la soirée. Le pèlerin orienta le faisceau de sa lampe vers le coin de la pièce d’où provenait la voix. A sa grande surprise, il ne vit personne. Il mit cette hallucination sur le compte de la fatigue et alla se coucher. Dès qu’il éteignit la lumière, il entendit le bruit caractéristique d’un moustique. Après plusieurs tentatives pour tuer le dérangeur, il entendit la même voix lui dire dans le noir ;

- Être sur ses gardes reste une qualité indispensable, vous ne trouvez pas ?

- Vous voulez parler de vous ou de moi ? s’entendit-il répondre

- De vous, de moi, de tout le monde, dès lors qu’on n’est pas chez soi, répondit la voix.

- C’est vrai ! D’ailleurs tout à l’heure, heureusement que j’étais sur mes gardes ! Encore un peu, et je me faisais voler !

- Et moi, heureusement que j’étais sur mes gardes, sinon c’est vous qui m’écrasiez contre votre épaule !

Le moustique lui adressait la parole. Notre homme, interloqué chercha à en savoir plus.

- Et pourquoi vous me dites ça ? lui dit-il

- Seulement pour discuter un peu. On n’a pas toujours l’occasion de discuter avec un spécialiste de la mobilité et de l’adaptation.

- Ah bon ? Je suis un spécialiste de la mobilité et de l’adaptation ?

- Bien sûr. Vous bougez tous les jours et vous devez vous adapter en permanence. Et moi aussi.

- Expliquez-moi ça ! fit le pèlerin.

- Savez-vous que nous sommes les champions de l’adaptation aux produits insecticides que les services sanitaires essaient de mettre au point pour lutter contre nous ? Nous nous adaptons très vite en opérant des mutations.

- Et vous faites ça pour ne pas mourir n’est-ce pas ?

- Bien sûr, mais pas seulement.

- Là, vous m’intéressez beaucoup, cher ami moustique ! Et pour quoi d’autre alors ?

- Pour progresser bien sûr ! Jour après jour, épreuve après épreuve, dès que nous résistons en mutant, nous apprenons et en apprenant, nous progressons.

Le pèlerin hocha de la tête en s’exclamant :

- Moi aussi, je fais ça quand je marche, bien sûr. J’apprends tous les jours de mes épreuves.

- N’est-ce pas ? dit le moustique

- C’est une belle leçon que vous venez de me donner là ! Merci beaucoup, fit l’homme.

- Et vous, que pouvez-vous m’apprendre sur l’adaptation pour que je progresse encore? s’amusa le moustique.

L’homme réfléchit et prit un air grave.

- S’adapter, c’est aussi affronter la solitude. Je crois que modifier sa manière de faire est un acte très solitaire. Nous nous retrouvons tous face à nous-mêmes à l’heure du changement.

Le moustique en resta coi, leva les yeux au ciel en marque de réflexion, puis hocha sa trompe en signe d’approbation.

- C’est bien vrai ce que vous venez de dire là, Monsieur ! lança l’insecte. Cela va nourrir ma nuit plus que l’hémoglobine dont je vous aurais volontiers prélevé un petit échantillon. Je vous souhaite un sommeil réparateur, cher pèlerin !

Notre homme entendit le moustique quitter la chambre. Avant de s’endormir, il prit son carnet et inscrivit ces mots à la suite de ceux qu’il avait écrits tout à l’heure :

Rester sur ses gardes, faire confiance à son intuition, changer pour apprendre et progresser, savoir affronter la solitude : changer est un acte solitaire.

Satisfait, il éteignit la lumière et s’endormit très vite.

dimanche 10 octobre 2010

Le pèlerin, le phasme, la cigogne, le moustique et le papillon; un conte sur le changement- 2ème épisode

Quelques heures après, le pèlerin traversait un grand pâturage : les parcelles étaient séparées de petits murets de pierres sèches et de loin cela ressemblait à un grand jeu de tangram résolu. Le temps était frais et le soleil éclairait les couleurs de l’automne pour les rendre plus éclatantes encore. Face à lui, haut dans le ciel, il vit arriver un vol d’oiseaux qu’ils ne savaient pas encore distinguer. Ils étaient trois, formant un triangle magnifique, grands oiseaux battant de leurs grandes ailes le grand air qui les portait. Le pèlerin reconnut alors des cigognes qui fonçaient à grande allure vers le sud. Perplexe, il les vit alors opérer un virage au-dessus de lui. En trois grands cercles, les oiseaux avaient atterri à cinquante mètres devant lui. Il s’approcha doucement craignant de les effrayer.
Une des cigognes, fit alors de sa fière démarche, quelques pas vers lui, et levant son bec, fit :

- Qui êtes-vous marcheur ?

- Et vous donc, voleuses ! fit le pèlerin en riant. Je plaisante ! Ne le prenez pas mal ! Je suis un pèlerin. Je vais où le chemin me mène. Et vous, vous allez où le vent vous porte ?

- C’est à peu près ça, oui. Le vent nous mène au sud. Nous allons chercher un climat plus clément, comme chaque année. Il commence à faire trop froid ici.

- C’est donc la seule raison qui vous fait faire ces milliers de kilomètres ? demanda le pèlerin, se rappelant du phasme qui avait découvert une autre raison à son camouflage.

- Et bien, oui, pour quelle autre raison à votre avis ? Et, puis, nous serions curieuses de savoir ce qui vous fait donc marcher ? dit la cigogne en se retournant vers ses congénères pour chercher leur approbation.

- Et bien, il y a une raison que j’ai découverte tout à l’heure. Je marche pour être léger. Si je suis lourd, je ne peux pas marcher. Vous le savez aussi ; si vous êtes alourdies, vous volez moins facilement, n’est-ce pas ?

- Bien sûr ! Quand nous avons un long trajet, à faire, nous prenons garde à ne pas trop manger ! Hein, les filles ?

Les cigognes approuvèrent du bec en plissant les yeux.

- La deuxième raison qui me fait marcher, en y réfléchissant, c’est que j’y trouve de la solidarité. Les gens sur le chemin sont gentils. Si vous avez un problème, ils vous proposent tout de suite leur aide.

Les cigognes se regardèrent et un des oiseaux qui n’avaient pas pris la parole s’avança vers le pèlerin.

- Votre réponse nous fait penser à une anecdote qui nous est arrivée.

- Ah bon ? Racontez, racontez ! Ca m’intéresse !

- Un jour de notre dernière migration, nous avons pensé être perdues. Nous ne reconnaissions plus notre route, nos lieux habituels de repos avaient disparu !

- C’est affreux de se sentir perdu comme ça ! remarqua le pèlerin. Ca m’est déjà arrivé !

- Oui, dans un premier temps, c’est vrai ! Et puis, avec mes amies, au lieu de nous angoisser, nous avons décidé de trouver ça amusant ! Alors, nous avons joué à celle qui trouverait la première un nouvel abri.

Les deux amies de la cigogne rirent de bon cœur en se souvenant de ce moment, et la troisième, celle qui n’avait pas encore parlé, dit ;

- Oui et c’est moi qui ai gagné ! Je nous ai trouvé un endroit adorable. Des gens avaient préparé des nids très douillets pour les cigognes de passage. Nous faisons maintenant à chaque fois le détour pour nous y arrêter ! fit-elle très fière d’elle.

- Magnifique leçon d’accueil et de solidarité ! répliqua le pèlerin. Et puis en plus, accepter de se perdre, savoir en faire un jeu et savoir se repérer : ça, j’essaierai de m’en souvenir ! Merci beaucoup !

- Je vous en prie. Nous avons été heureuses de vous rencontrer. Nous avons bien fait de nous arrêter. Belle leçon aussi pour nous. Nous allons reprendre notre route. Notre voyage est loin d’être terminé ! Et puis, l’est-il vraiment un jour ? dit la cigogne en clignant de l’œil vers le pèlerin amusé.

- Bon voyage ! fit chaleureusement le pèlerin alors que les trois oiseaux migrateurs prenaient leur envol.

dimanche 3 octobre 2010

Le pèlerin, le phasme, la cigogne, le moustique et le papillon- 1er épisode

Un pèlerin, sac au dos, chapeau sur tête et tête dans les étoiles, marchait seul depuis longtemps. L’espace était devenu son temps. « A quelle heure suis-je parti ? » «A quelle heure devrais-je arriver si je continue à cette allure ? Et combien de temps encore avant la nuit ? ». Le temps lui filait entre les doigts alors qu’il embrassait l’espace de tout son corps.

Parti à l’assaut d’une colline qui lui semblait sans fin, il repéra une souche accueillante à l’ombre d’un grand chêne. Il posa son sac sur le sol, son chapeau sur la souche et son regard sur une curieuse brindille qui dépassait d’une pierre recouverte de mousse. Il avança la main et la brindille se mit à bouger. Surpris, le pèlerin fit un brusque mouvement de recul

- Mais qu’est-ce que c’est ?, dit-il.

- On ne dit pas « Qu’est-ce que c’est ? » d’un être vivant, Monsieur, mais « Qui êtes-vous ? »… Alors, pour répondre à cette deuxième question, je vais me présenter. Je suis un phasme. Non, non pas un fantasme, un phasme !

Le pèlerin ahuri, écarquillait les yeux pour savoir d’où venait cette voix. Le phasme avait bougé et s’était fondu dans la branche sur laquelle il se trouvait maintenant, juste à côté de la pierre, pas très loin de la souche sur laquelle se trouvait le chapeau du pèlerin.

- Mais qui parle ? dit le pèlerin

- Monsieur, j’aimerais que vous me promettiez quelque chose avant de me montrer ! dit le phasme

- Oui ! Bien sûr ! répondit le pèlerin

- Promettez-moi d’abord de ne rien me faire !

- Je m’y engage si tu fais de même.

- Très bien, je m’y engage aussi ! Et j’ai une autre demande, tenta le phasme.

- Laquelle ? interrogea le marcheur un peu impatient.

- Je voudrais savoir ce qui vous fait marcher !

- Je vais essayer ! dit le pèlerin, un peu pris de court, n’ayant pas beaucoup réfléchi à ça. Mais alors à une condition !

- Laquelle ? dit le phasme

- Que vous me disiez ce qui vous fait vous cacher !

- D’accord ! répondit le phasme, sûr de lui.

Fin de négociation. Le phasme bougea lentement et se mit à marcher en vibrant vers la pierre recouverte de mousse. Le pèlerin le découvrit alors : il se frotta les yeux pour être sûr de ne pas rêver. Une brindille vivante !

- Alors, maintenant que je me suis mis à découvert, dites-moi, ce qui vous fait marcher, pèlerin !

Le pèlerin réfléchit et avança.

- Ce que j’aime quand je marche, c’est que je me sens léger. Il y a dans la marche une légèreté d’être qui rappelle à chaque pas combien il est important de ne porter sur soi que ce qui est indispensable. Voilà pourquoi je marche, je crois : pour découvrir en moi ce qui est essentiel.

Le pèlerin était content de ce qu’il venait d’exprimer. Il baissa les yeux vers le phasme et lui demanda ;

- A vous maintenant ! Alors, qu’est ce qui vous fait vous cacher ?

- Ce que vous venez de me dire m’a permis de réfléchir. Ma première réponse, je l’avais déjà en tête quand vous m’avez posé la question tout à l’heure. Vous m’avez vu marcher ? On ne peut pas dire que je sois un champion de la course à pattes. Mon camouflage me permet évidemment de ne pas être mangé tout cru par les oiseaux. Mais je pense qu’il y a une autre raison à cela.

- Ah oui ? Et laquelle ? demanda le pèlerin.

- Je pense que quand je suis invisible, ça me permet aussi de rester très longtemps seul avec moi-même et je me rends compte que ça me fait vraiment du bien, répondit le phasme, tout étonné de sa propre découverte.

- Ca, c’est une belle leçon ! Je pense aussi que je marche pour me ressourcer et me retrouver. Merci, cher ami. Je vais vous souhaiter une belle continuation. Je vais continuer mon chemin.

Suite au prochain épisode