mardi 11 décembre 2012

"Mieux accepter et utiliser notre intuition" Conférence à Montréal 9 avril 2013

"Mieux accepter et utiliser notre intuition" Invité pour une conférence aux Belles Soirées de l'Université de Montréal le 9 avril 2013. Très honoré ;) 

Le mardi 9 avril avec Yann Coirault
Notre intuition nous permet de savoir avant de savoir, elle nous fournit des indications, nous alerte, amplifie des signaux faibles. Elle nous donne l’occasion, si tant est que l’on soit à son écoute, d’explorer très vite, consciemment et inconsciemment, la voie à choisir. L’intuition, cette capacité que nous possédons tous, vient à notre secours dans de nombreuses situations. Comment mieux l’accepter et l’utiliser pour prendre les bonnes décisions quant aux changements que nous voulons entreprendre ?

Cette conférence interactive a pour objectif d’expérimenter ces nouvelles capacités intuitives que nous pouvons solliciter au quotidien pour prendre des décisions plus efficaces.Pour en savoir plus et vous inscrire

jeudi 6 décembre 2012

Intuition et coopération


Sources : Intuition et coopération. Integral Personnality
Source : David G. Rand, Joshua D. Greene & Martin A. Nowak, "Spontaneous giving and calculated greed", Nature, Vol. 489, N° 7416, 20 septembre 2012, p. 427-430.

dimanche 2 décembre 2012

Deuil (2)

Le marcheur n’avait pas encore trouvé de prothèse pour marcher avec ce fardeau. La lumière s’était éteinte et il avançait à tâtons dans un monde nouveau. Il ne voyait pas clair dans ce chemin nouveau. Qu’allait-il y faire ? Comment allait-il s’y prendre ? Allait-il s’épanouir comme le papillon défroissant ses ailes ? Probablement. Cela passerait par des chemins noueux, des bifurcations impossibles, des virages à rebours, des côtes épuisantes, des descentes vertigineuses. Après la culpabilité, que pouvait-il y avoir ? La capacité d’affronter le passé, les souvenirs, la volonté de s’exposer à la douleur du souvenir ; il le savait. Ces douleurs volontaires, un peu masochistes pour mieux se guérir, le marcheur savait que cela faisait partie du processus de convalescence. S’infliger de revivre, de repenser, de revoir, de se remémorer pour mieux revivre, mieux se retrouver, se réapprendre. Apprendre à relier ce passé à ce présent incompréhensible, par quelques fils ténus et acceptables. Continuer sur cette toile à reconstruire un pont entre les temps, patiemment, avec opiniâtreté, avec ténacité, entêtement, parce que sans toile, pas de passage, sans pont, point de salut. Pont de fils, pont de bois, souplesse et solidité mariées, l’arbre foudroyé repousserait, la sève, force de vie, alimenterait cette progression élémentaire, naturelle, vigoureuse. Pas dans la même direction, probablement. Sa croissance serait déviée. Vers un autre avenir, comme si la route était devenue impasse ; à continuer tout droit, le néant ne serait pas loin. La reconstruction patiente, humble et solitaire se ferait plus belle si les nouvelles pousses se nourrissaient des anciennes. Et le marcheur savait cela difficile. Rien ne se crée : tout se transforme ! La compréhension de ce qu’il avait appris et de ce qu’il apprendrait de cette bombe, injuste, soudaine, inexplicable tombée un jour dans ce jardin devenu cimetière, la compréhension et la conscience des modifications profondes, des mutations irréversibles, des transformations de ses valeurs, de son identité mais aussi de la découverte de ce qu’il était venu faire sur cette planète pouvaient devenir un carburant de vie nouvelle.
Jamais la blessure ne disparaîtra ; les traces de la blessure pourront un jour peut-être faire moins mal, s’adouciront un peu, s’arrondiront pour faire partie intégrante de la nouvelle silhouette, du nouvel arbre à nouveau en croissance.

Le plus grand voyage pour le nomade c’est la mort. Le marcheur se souvint d’une phrase qu’il avait lue :

« Le vrai nomade ne meurt pas pour garder une terre mais pour conserver le droit de la quitter » 
Jacques Attali- Chemins de sagesse Traité du labyrinthe

dimanche 18 novembre 2012

Deuil


Au creux de son être, le marcheur avait un trou béant qu’il ne pouvait combler, une perte irréparable, un gouffre sans fond, et ce que venait de lui dire le papillon résonnait en lui comme un glas éternel. Il n’avait pas encore trouvé ou laissé pousser les ailes qui lui permettraient un jour de s’envoler vers un nouvel avenir. A vrai dire, il ne savait pas s’il était encore en train de ramper ou si le destin lui avait coupé les ailes quand le couperet tomba. La foudre avait frappé son fils ; elle avait ravagé au passage une forêt entière, et au milieu de cette forêt, lui. Il se trouvait qu’il était perçu comme un  arbre solide. Alors, malgré  la foudre qui avait tué son fils et qui l’avait épargné, lui, il devait continuer bien sûr, il devait poursuivre sa route, continuer à pousser, ne pas se laisser pourrir, ne pas se laisser mourir. Il ne le souhaitait pas d’ailleurs. Il aurait donné trop de puissance à un accident de la vie semant la mort : les conséquences étaient déjà si lourdes qu’il ne devait pas en rajouter. Alors, il tenait bon, de manière un peu improbable, chancelant au moindre coup de vent, au moindre coup de cœur. Ses feuilles ne repoussaient pas, pas encore en tous cas. Il sentait bien la sève circuler et tenter de faire comme si de rien n’était. Lui sentait une incroyable force bloquée par la foudre qui avait laissé une plaie ouverte et douloureuse, mais la force ne suffisait pas à le faire revivre. Bien sûr quand on passait à côté de lui, on se disait qu’il avait du prendre un sacré coup mais pour autant il était encore là. Personne n’avait conscience du combat constant que cela représentait. Le marcheur était passé par des phases si troublantes, si empruntes d’émotions insoupçonnées, si incommensurables qu’il avait encore du mal à les décrire.
La stupéfaction avait été la première lame de fond, le séisme, le tsunami, la foudre, le ciel sur la tête : une impression d’écroulement, d’effondrement de ce qui l’entourait, une conscience presque réelle du risque de glissement comme au bord d’une coulée de neige qui s’échappait sous ses pieds. Ce moment gravé dans sa mémoire, avait les couleurs d’un film noir, le rythme ralenti lui permettait de se rappeler chaque seconde de ce qui s’était passé ce soir-là où il avait appris l’accident. Il s’était raccroché aux branches des arbres voisins en se concentrant sur l’instant présent : éviter le futur à tout prix, ne pas sombrer dans le souvenir tout de suite, instinct de survie pour surnager dans la tempête. Sans bouée de sauvetage, il s’était senti envahi par une vague immense. Il savait qu’il devait se protéger au risque de se noyer. Et sa protection fut son rôle de père pour ses autres enfants et celui de grand-père pour ses deux petites filles. Il se blinda pour assurer ce rôle : des broches dans le cœur et les os pour ne pas se désintégrer, une armure en mousse pour se protéger. Il ne pouvait pas pleurer tout le temps et quand il ne pleurait pas, il ne savait pas quoi faire d’autre que de ressembler à quelqu’un de normal : il sentait bien que ça ne marchait pas mais ne trouvait pas d’autre solution. Et cette armure de mousse, comme le cocon du papillon,  qui ne faisait que l’alourdir, l’empêchait d’avancer et à la moindre vague ne faisait que l’entraîner vers le fond. Sans avertissement, des vagues d’émotion l’envahissaient, l’engloutissaient, l’obligeant à faire des apnées pour ne pas suffoquer. Il resta longtemps entre deux eaux : assurant ses rôles comme il le pouvait, plongeant régulièrement, seul, au fond de l’abyme et remontant au gré d’un courant favorable ou à la force d’un coup de rein pour remonter à l’air libre. Comme un ludion, plongé dans un océan en folie, il se laissait aller à la force des courants. Et les courants qu’il sentait autour de lui transportaient avec eux des lames de tristesse collective. Ces lames le transperçaient, l’alourdissaient encore, comme s’il devait en plus porter tout cela pour les autres : il ne s’en sentait pas capable et à vrai dire, trouvait cela injuste. Il imaginait qu’il vivait ce que vivent tous les malades atteints de maladies incurables ou les personnes atteintes d’handicap : la double peine de le vivre soi-même et de voir la tristesse dans les yeux de ceux qui vous entourent reste si lourde à porter qu’elle peut rendre coupable.
La culpabilité fut un autre poids si pénible à accepter : le marcheur avait, et aurait encore pour de nombreuses années, des comptes à régler avec elle. Se sentir coupable de ne pas avoir fait suffisamment, se sentir coupable d’avoir fait ou de ne pas avoir fait, se sentir coupable d’être là, d’avoir été épargné, se sentir coupable de faire de la peine aux autres avec ce drame  sur le front tracé au marqueur indélébile. La culpabilité de rire, parce que ça ne se fait pas de rire quand on est en deuil,  la culpabilité de pleurer, parce qu’après tout, on va pas passer son temps à pleurer, la culpabilité de se mettre en colère contre ceux qui ne comprennent pas ce qu’on vit, la culpabilité tout le temps, quoi qu’on fasse. Le deuil passe ainsi par des claques énormes et solitaires : après la stupéfaction, la stupeur, la protection,  l’envahissement, l’engloutissement, et l’apnée, la culpabilité pourrit les racines et les plaies, la culpabilité, gangrène de la reconstruction, elle peut faire rompre les amarres, elle peut emporter le plus solide des êtres, le plus solide des projets, des rêves.
Le marcheur n’avait pas encore trouvé de prothèse pour marcher avec ce fardeau. La lumière s’était éteinte et il avançait à tâtons dans un monde nouveau. Il ne voyait pas clair dans ce chemin nouveau. Qu’allait-il y faire ? Comment allait-il s’y prendre ? Allait-il s’épanouir comme le papillon défroissant ses ailes ? 

dimanche 30 septembre 2012

Nomadisme et sédentarité : le marcheur fait le bilan de ses rencontres


Du perron sur lequel était niché l’abri dans lequel il avait passé deux nuits, le marcheur contemplait le chemin qu'il avait décidé d’emprunter. Il descendait doucement vers une belle forêt. Il prit son temps pour profiter pleinement de sa promenade en levant les yeux vers le faîtage des grands arbres qui l’entouraient. Aussi loin qu’il portait son regard, il ne voyait que du vert et du brun, des rais de lumière venant illuminer les clairières comme des projecteurs de scène. A tout moment, il s’attendait à voir surgir une fée magnifique sur sa  blanche licorne. Les bruissements des insectes sous les feuilles mortes, les oiseaux fuyant son passage en produisant des concerts de percussion dans les arbres, les résonances d’eaux tourbillonnantes sous les racines noueuses des chênes centenaires, toute cette symphonie l’emmenait, l’entrainait, le menait vers cet endroit bizarre où le temps et l’espace ne sont plus que des impressions présentes, la réalité, un flou enchaîné  le futur, une hypothèse. Il savait qu’il arrivait au bout de son périple et se remémorait ses rencontres.
Elles étaient tellement incroyables, tellement improbables, tellement imprévisibles, qu’il aurait surement du mal à en parler, au risque d’être pris pour un doux dingue sorti de son nuage. Elles étaient aussi tellement sensées, tellement cohérentes, tellement simples qu’il se disait qu’il aurait du mal à ne pas le faire.
L'araignée avait bousculé d’entrée les notions du temps et de l’espace qu’un nomade pouvait avoir. Il voyait dans cet insecte un modèle d’immobilisme, centré d’abord sur son espace vital. Et cela préfigurait ce qu’il allait découvrir avec l’escargot : la perception de l’ampleur de l’espace est primordiale dans la perception que l’on a de la sédentarité ou de la mobilité de quelque chose ou de quelqu’un. Le nomadisme se fait à la mesure de ce que l’on connaît. En tous cas, il commence par cela, quitte à élargir son univers petit à petit, si la volonté et les moyens de mobilité sont présents. Le marcheur se disait que si on fournissait à l’araignée un moyen de se déplacer à une vitesse un million de fois plus rapide que sa vitesse habituelle, il se produirait des mutations imprévisibles.  
La jument l’avait touché par sa capacité à accepter son statut de « prisonnière libre ». Elle se disait heureuse et épanouie dans un cadre limité par les fils électriques de son champ. Elle lui avait même dit qu’ils avaient créé d’autres règles pour garantir cette liberté : le partage de la nourriture était à la fois un signe de bienvenue et une règle. 
Les cigognes, avec leur bonne humeur, l’avait bousculé profondément sur la manière de conduire sa propre vie : rester léger, choisir le chemin le plus favorable et faire du nomadisme un jeu pour abaisser la pression des enjeux qu’il peut provoquer. Savoir s’alléger d’abord des vieux démons. Savoir se préparer aussi en ne gardant que l’essentiel pour ne pas risquer de trainer des poids inutiles. Au lieu de s’entêter à rester sur un chemin compliqué, semé d’embûches, et qui ne correspond pas à ce que l’on souhaite, il est préférable de changer de voie pour chercher un environnement plus favorable, plus simple, plus facile et plus en correspondance avec ce que nous sommes capables ou ce que nous souhaitons expérimenter. Les voies compliquées sont rarement les bonnes. La simplicité reste souvent l’apanage des choix judicieux.
Le phasme cet insecte improbable, l’avait frappé par son instinct de la sécurité, et cela lui semblait bien normal, au vu des écarts de taille entre lui et ses prédateurs. Son évolution l’avait amené à se cacher pour mieux se protéger. Et la solitude faisait aussi partie de cette évolution. Le changement, parce qu’il est difficile, devait se vivre seul à un moment donné, pensait le marcheur. Le nomade en permanence confronté à la solitude dans ses difficultés, et ce, même entouré, devait développer des capacités à affronter cette absence pour générer une force solitaire, un courage individuel, une détermination unique pour surpasser les obstacles.
Le moustique blagueur lui avait appris que l’intuition et l’alerte persistante sont le lot des individus en dehors de leur environnement habituel. La méconnaissance d’un nouvel espace demande à rester en éveil, à sortir ses capteurs, à « voir » tout ce qui nous entoure. Dans le mouvement, rien n’est stable, tout bouge. Tout change, rien n’est acquis, rien n’est prévisible. Dans le changement, l’angélisme n’est pas de mise. La règle c’est le « ressort », l’exception, c’est la « roue libre ».
Son ami, le médecin, l’avait bluffé par son nomadisme d’esprit, malgré sa sédentarité géographique ; solidaire de ses concitoyens, il faisait preuve d’une qualité d’accueil exemplaire. Il lui avait appris aussi  la simplicité d’être et d’agir : malgré sa science, il pensait d’abord « simple » et le marcheur se disait que penser simple était un gage d’humilité : faire simple pour être simple.
L'escargot symbole même de la lenteur, lui avait permis de prendre conscience des différences de dimensions spatio-temporelles : un millimètre pour l’un, c’est un kilomètre pour l’autre, une seconde pour l’un, c’est une année pour l’autre. La lenteur n’était alors que perception, relativité, énergie. Lorsqu’il marchait, le marcheur ralentissait  son rythme : il y voyait un intérêt primordial ; voir, sentir, percevoir, entendre ce qu’il ne voyait pas d’habitude. Il lui semblait qu’en réduisant sa vitesse, il décompressait l’espace en même temps que le temps. Et cela produisait des effets de bien-être pour soi et  d’attention au monde qui lui semblaient caractéristiques du mode nomade.
L’internaute, le cybernaute, avait complété sa vision des qualités des nomades sédentaires : labyrinther dans un environnement numérique développait certainement de grandes habiletés à mieux se mouvoir dans le monde moderne. La fonction crée l’organe, dit-on. Le monde virtuel, l’Internet 2.0, les nouvelles technologies de l’information offraient aux nomades modernes un espace infini de recherche d’informations et de partage, un terrain de jeu et d’expression de leurs propres champs de compétences ou de proposition d’idées pour alimenter la toile commune d’un tissu global de connaissances, de reconnaissance et de production de concepts en dehors des circuits habituels, qu’ils soient politiques, experts, sociaux, économiques ou religieux. Le labyrinthe préfigurait pour le marcheur les habiletés indispensables pour vivre heureux dans le monde du XXIème siècle, fait d’incertitudes, de tours et de détours, de certitudes et de doutes, d’accélérations et de ralentissements. Le labyrinthe, symbole de perdition, devenait la solution. La complexité, l’incertitude, l’ampleur des changements que les hommes s’apprêtaient à vivre et le rythme auquel ils devraient le faire allaient pour eux générer de vraies capacités nouvelles pour  appréhender l’espace, le temps et l’énergie d’un monde en route vers un avenir qu’il espérait meilleur. Quel beau tableau du nomadisme lui avaient dépeint toutes ses rencontres miraculeuses ! 
Mais il savait que ce n'était pas fini. Mouvement perpétuel  impermanence du monde et de ses particules élémentaires, entropie universelle ; tout cela, il le savait,  l'emmenait vers une résolution de plus. 

Crédit Photo : Le nomade de Plensa http://www.fotocommunity.fr/pc/pc/display/21827370

samedi 29 septembre 2012

Pour arrêter l'hécatombe, création d'une Association


Clément est mort le 30 mai dernier sur la route entre Auriol et St Zacharie. Il aurait eu 30 ans le 20 juin et devait se marier le 30 juin de cette année !
Pour que cet accident soit le dernier d’une trop longue série, et que cette route soit ENFIN sécurisée, nous créons une Association, où nous avons besoin d’un maximum d’adhérents (1 € la cotisation)

Cette Association a pour but de légitimer nos actions futures auprès des différentes collectivités concernées des Bouches du Rhône et du Var.

 Il est extrêmement difficile d’obtenir des statistiques fiables sur les accidents survenus sur la RD 560.
Aussi, si vous avez eu, Vous, un Ami, un Parent, un accident quel qu’il soit, dans les 20 dernières années, entre Auriol et St Zacharie,
Nous vous demandons de vous manifester auprès de nous.

dimanche 9 septembre 2012

Immobile mobilité des glaciers


Chris est géologue. Il m’accompagne lors d’une randonnée en montagne. Il a voué sa vie à l’étude et à l’observation de la Terre en surface et en profondeur. Il est en quelque sorte un observateur de l’espace-temps. La matière qu’il observe est vieille parfois de plusieurs millions d’années. Du coin de leurs éclats de quartz ou de calcite, ces minéraux nous donnent de belles visions du passé. Ils nous disent aussi comment ils ont résisté aux changements climatiques qu’ils ont subit. 

-   Chris, dis-moi, comment se fait-il que cette pierre soit plissée. On dirait une peau de Shar-pei, tu sais, ce chien d’origine chinoise souvent de couleur fauve.

-    Oui, il y en a beaucoup par ici. Nous sommes sur un ancien passage de glacier.

-   Un glacier qui passe ? fis-je l’air étonné

- Oui. Pour expliquer ce phénomène, il faut comprendre comment se constitue un glacier et comment il évolue. Tout glacier est constitué de trois zones : la zone d'accumulation où la pluie se transforme en glace, la zone de transport  où le glacier est le plus épais et la zone d'ablation enfin où la fonte importante provoque la formation d'une colline ou d'un amas désorganisé de glace.

-   D’accord. Et alors ?

-  Et bien, c’est dans la zone de transport que l'érosion glaciaire est à son maximum. Les pierres y sont soumises à des forces gigantesques, plusieurs tonnes par centimètre carré. Les plis que tu vois sur cette pierre sont le résultat d’un frottement entre sa surface et les amas de pierre et de glace qui lui sont passés sur le dos. Belle résistance non ? Souplesse de la pierre, dureté relative et mouvement minéral ; tout dépend bien des conditions qui l’entourent. Tout bouge en fait, tu sais, même l’immobile. Il parait que les moines zen s’entrainent à regarder les pierres bouger, me fit-il avec un clin d’œil.

Indifférence

De Dame et d'Homme



Comme, va la vie dame, va la vie d'hommeVoyez vous balancer l'atomeDit la vie d'homme, va la vie d'âmed'une mélodie de Perrone à Panamevalse la dame et la vie d'hommeElles tournent sur le phonogrammeComme une ritournelle s'exclame!
Oyez polygames dans l'air des rhizomesPas de royaume, pas d'oriflammesCes airs de nomade en personneC'est du Perrone, c'est d'la vie d'âmeDe celui qui foule comme le font les RomsErrance d'âme, errance d'hommel'histoire des hommes qui se trameDans leur vie d'âme, et d'homme en sommeDe dame et d'homme
Tu les portes sur le dos mémoires d'ItalosDe la Courneuve ainsi à Monte CassinoTes mélopées chromosomes et tes pas de mômeChemin de p'tit bonhommeAinsi tu remontes le temps, diatonique passionTu laisses des silences et d'autres diapasonsA faire bouger l' décor vers d'autres horizonsCa l' fait pour de bon!...
Comme va la vie d'âme, va la vie d'hommeC'est l'un de l'autre à qui se donneDe la vie d'homme à la vie d'âmeSoufflant sur la délicate petite flammeQu'est la vie dame, qu'est la vie d'hommeDu bout de tes doigts qui se paumentVa ta vie d'âme et d'homme en sommeOyez polygames, dans l'air des rhizomesG.I.R.O.L. en baume, chant de sésameNous nous sommes épris, tu nous donnesVas-y l'idiome, toutes les gammes
Du concert qui invite à des regards de mômeSi la vie d'âme, si la vie d'hommeC'est comme un air de palindromeC'est d'la vie d'âme et d'homme en sommeDe Dame et d'homme.Tu les portes sur le dos mémoires d'ItalosDe la Courneuve ainsi à Monte CassinoTes mélopées chromosomes et tes pas de mômeChemin de p'tit bonhomme
Ainsi tu remontes le temps, diatonique passionTu laisses des silences et d'autres diapasonsA faire bouger l' décor vers d'autres horizonsCa l' fait pour de bon!...Comme, va la vie dame, va la vie d'hommeVoyez vous balancer l'atomeDit la vie d'homme, va la vie d'âmed'une mélodie de Perrone à Panamevalse la dame et la vie d'hommeElles tournent sur le phonogrammeComme une ritournelle s'exclame!
Oyez polygames dans l'air des rhizomesPas de royaume, pas d'oriflammesCes airs de nomade en personneC'est du Perrone, c'est d'la vie d'âmeDe celui qui foule comme le font les RomsErrance d'âme, errance d'hommel'histoire des hommes qui se trameDans leur vie d'âme, et d'homme en sommeDe dame et d'homme


(musique de Marc Perrone, paroles de André Mainvielle)

Intuition, automatisme et apprentissage (2/2)

Des séquences animées en 3D prouvent que notre capacité de raisonnement atteint vite ses limites et peine à influencer nos comportements. Des objets banals tels que des allumettes et des chaises permettent des expériences surprenantes quand ils sont manipulés par des chercheurs. Pour prouver le bien-fondé de leurs thèses, ces derniers n'hésitent pas à s'élancer sur une planche de surf ou à étudier les méthodes des prestidigitateurs. Autant de raisons de s'inquiéter parfois, notamment quand nous apprenons que notre cerveau prend les décisions sept secondes avant que nous en ayons conscience ! Un fascinant périple aux quatre coins du monde, de l'Australie à l'Allemagne en passant par les États-Unis et la Suède, pour observer nos neurones dans tous leurs états.
L'intégralité du reportage d'ARTE, c'est ici.  (source Manu-PB sur Daily Motion)

samedi 8 septembre 2012

Intuition et automatisme

Notre comportement est guidé par notre inconscient. L’inconscient est au centre de tout processus de mémorisation et d’apprentissage. C’est le fonctionnement de l’intuition. 

samedi 4 août 2012

Le marcheur et l'escargot - La lenteur : une valeur nomade


Le marcheur s’assit minutieusement, doucement, précautionneusement sur la chaise de bois qui lui semblait plus accueillante et plus sure que les chaises en plastique blanc un peu bancales qui étaient devant lui. Le jardin était calme, doux, vert. L’atmosphère humide du petit matin amplifiait encore cette impression d’exquise d'immobilité. La lumière rasante du soleil levant lui offrait un spectacle digne d’un grand spectacle de lumière sans sons. Les poussières et les insectes volaient dans les cônes de lumière que projetaient les arbustes. Les frottements des feuilles dans les arbres se rajoutaient aux  bruits du ruisseau tout proche. Il régnait là comme un instant d’éternité, suspendu, concentré. Le marcheur prit une grande inspiration. Il ferma les yeux pour mieux profiter encore de l’instant magique qui lui était offert. Soudain, un doux bruissement de feuilles mortes le fit sortir de sa méditation. Le marcheur chercha des yeux d’où pouvait venir ce petit bruit. Il se mit bien sûr à la recherche d’un phasme. « Si ça se trouve, il m’a suivi ? » se dit le marcheur incrédule. En fait, à quelques pas de lui, le bruissement provenait d’un escargot, les antennes fièrement pointées. Il glissait lentement vers lui, semblant vouloir attirer son attention. 

-       -  Ah ! Enfin un humain à peu près immobile.

Bon, le marcheur commençait maintenant à être un peu habitué à entendre parler les animaux qu’il rencontrait. Mais quand même, à chaque fois, cela lui faisait un petit choc. Il ne savait pas trop comment il réagirait si un jour il recevait les paroles d’une pierre ou d’un arbre, mais il commençait même à se faire à cette idée. Il baissa les yeux sur l’escargot qui, à un mètre de lui, continuait à avancer lentement, laissant sa trace de bave sur les feuilles sur lesquelles il progressait.

-         Pourquoi dites-vous ça ? Bonjour, cher gastéropode
-         Oh, je vous en prie hein ? Pas de ronds de jambe avec moi.
L’expression « ronds de jambe » pour un escargot était un peu bizarre. Le marcheur se demanda où l’escargot avait pu entendre cette expression…
-         Je dis ça parce que vous êtes d’une espèce très bizarre, continua l’escargot, un peu crispé
-         Ah ! Dites- moi pourquoi ? interrogea le marcheur un peu agacé de ces animaux qui avaient des griefs envers l’espèce humaine, comme si, lui, le marcheur, pouvait être le seul à recevoir  toutes les critiques du monde animal vis-à-vis de l’espèce humaine.
-         Et bien, vous allez toujours trop vite ! trancha l’escargot avec une émouvante assurance.
-         La vitesse est relative vous savez, fit le marcheur un peu étonné de ce reproche.
-         Relative, relative. Evidemment ! Mais quand même ! Vous ne vous rendez plus compte de ce que vous faites. Moi, je passe mes journées ici, dans ce beau jardin et je peux vous assurer que j’en vois des vertes et des pas mures.
-         Où êtes-vous allé pêcher cette expression ?  sourit le marcheur
L’escargot, vexé, rentra ses antennes.
-         Je ne voulais pas vous fâcher. J’étais juste étonné de vous entendre utiliser une expression très humaine, et ça pour la deuxième fois. Tout à l’heure déjà, « Ronds de jambe » dans votre bouche… essaya de se rattraper le marcheur.
Les antennes ressortirent, signe que l’escargot le regardait à nouveau.
-         Figurez vous que j’entends très bien les discussions du jardin, se radoucit l’animal.
-         Je suis épaté, vraiment.  Alors dites-moi. Qu’est-ce qui vous agace autant chez nous ? questionna  le marcheur, souriant
-         Vous ne savez plus prendre le temps, fit l’escargot, affirmatif
-         Pourquoi dites-vous ça ?
-         Parce qu’avant, vous étiez plus lents qu’aujourd’hui. Je parle même du docteur que je vois souvent et que je connais bien. Et bien, lui aussi, même s’il est très éloigné de ce que je peux entendre sur ce qui se passe dans vos villes, il va plus vite qu’avant.
-         Alors cela veut dire que nous avons évolué, changé, pour devenir plus rapides, sans vraiment nous en rendre compte ?
-         Surement une affaire de perception, reconnut l’escargot. Mais c’est plus une question de rapport au temps que vous avez peu à peu développé, je crois. Vous confondez action et agitation, rapidité et précipitation, mouvement et frénésie. Je sais bien que lenteur est pour les humains ressenti comme négatif.  Vous parlez de lenteur d’esprit, de lenteur de la Justice, de la lenteur de l’escargot… comme si c’était une infirmité que  d’être un escargot. Je vous assure que je me sens très bien dans ma peau d’escargot.
-         Je vous crois, fit le marcheur pas trop convaincu.
-         Savez-vous d’où vient le mot Lenteur d’abord ? lança l’escargot en redressant sa tête, les antennes interrogatives
-         Heu, non, avoua le marcheur. Pourquoi ? Vous le savez vous ?
-         Et bien, le mot Lenteur vient du latin Lentor qui veut dire humeur gluante et visqueuse.
-         Je comprends mieux pourquoi vous connaissez l’étymologie de ce mot. Il vous concerne à deux titres, plaisanta le marcheur. Il crut reconnaitre dans la physionomie du gastéropode quelque chose qui ressemblait à un sourire.
-         Très drôle, fit l’escargot, narquois.  Par extension, Lentor a voulu désigner aussi tout ce qui est flexible et souple. Et bien, je milite pour remettre le sens de ce terme au palmarès des mots positifs.
-         Etonnant, reconnut le marcheur, encore estomaqué de la science dont faisait preuve cet animal. Nous avons, semble-t-il, perdu la signification de ce mot. Je sais pour ma part que dès que je me mets en  marche, j’adopte un autre rythme, une autre attention, une autre prise avec ce qui m’entoure, c’est vrai. C’est à la fois très agréable et en même temps très désagréable dès lors que vous avez programmé quelque chose. Regardez-moi, là. Je suis immobilisé pour au moins trois jours et je suis contraint de faire tout lentement à cause d’une blessure.  Pas très agréable, en fait.
-         Bien sûr, je comprends. C’est comme si je ne pouvais plus du tout avancer à cause d’une blessure à mon pied. En même temps cela vous oblige à ralentir encore par-rapport à votre rythme déjà ralenti. C’est une expérience intéressante. Ne rien faire, ne pas s’obliger à agir, être dans le non-agir, dans la non-production, c’est aussi intéressant vous savez.
Amusé que l’escargot parlât aussi de son pied, ce qu’il venait de dire le poussa à lui poser une question.
-         Mais si on ne fait rien, on n’avance pas ?
-         Je n’ai pas dit qu’il ne fallait rien faire. J’ai dit que parfois se retrouver dans des situations où on ne pouvait rien faire pouvait être mis à profit pour mieux agir ensuite. Mais vous le savez aussi puisque vous l’avez expérimenté, réduire sa vitesse fait voir les choses autrement.
-         Oui, c’est vrai. Un jour, je marchais et j’ai vu au-dessus de moi passer un avion militaire. Il devait voler à deux mille kilomètres à l’heure alors que moi je marchais à quatre km à l’heure… Le décalage était impressionnant. Je savais que le pilote ne voyait rien de ce que je voyais.
-         Et savez-vous que nous avons à peu près le même décalage ? J’avance en gros et quand je suis en forme, à quatre mètres par heure. Et oui ! Vous allez mille fois plus vite que moi… Et bien, comme le pilote de l’avion de chasse, vous ne soupçonnez pas ce que je vois, moi.
Cette remarque laissa le marcheur songeur. L’escargot, du coup, continua sur sa lancée.
-         La lenteur permet de se mettre naturellement dans une attitude de perception, d’attention plus forte, elle permet d’accéder à des détails de ce qui nous entoure que nous n’aurions pas soupçonnés.  Elle permet d’être plus disponible et du coup de prendre mieux en compte ce qui nous environne  pour prendre de meilleures décisions. Tout le monde sait que quand on veut changer de direction, il faut commencer par ralentir, non ?
Sans laisser le marcheur reprendre la parole, l’escargot vraisemblablement intarissable sur le sujet, poursuivit
-         Quand les choses se passent trop vite, personne ne peut être sûr de rien, de rien du tout, même pas de soi-même. Ralentir, c’est commencer par se donner plus de temps pour analyser, plus de temps pour voir, se souvenir, sentir les choses. Vous savez ? Moi je me retrouve souvent dans des labyrinthes végétaux inextricables. Si je ne prenais pas le temps de me souvenir des endroits par lesquels je suis déjà passé, de regarder attentivement les espèces végétales, les pentes, les trous, les couleurs, je ne pourrais jamais trouver la sortie. Regardez ce massif de buis : je m’y suis souvent perdu. Si vous vous y égarez et que vous foncez droit devant vous, vous y passez le reste de votre vie… en tant qu’escargot, je veux dire.
Le marcheur sentait possible d’intervenir à ce moment-là. Il saisit l’occasion.
-         Je peux vous faire partager une confidence ?
-         Avec grand plaisir, fit l’escargot frétillant lentement
-         Un  de mes enfants dans ses premières années avait une caractéristique, comment dire, un peu gênante et, notamment, le matin, un peu stressante… Il était d’une lenteur affligeante. D’ailleurs, il adorait les tortues. Il en faisait collection. C’était son animal préféré.  Les réveils étaient pour le moins laborieux, les petits déjeuners prenaient des heures, et je ne vous parle pas des séances d’habillage… Vous savez ? quand  vous devez partir cinq minutes plus tard et qu’il en est encore au choix du slip et que ses affaires ne sont pas encore prêtes.  
-         Je crois comprendre, oui
-         Et bien, un jour, à table – il devait avoir quatre ou cinq ans- nous discutions des qualités humaines.  Il souhaitait savoir ce qu’on entendait par ce mot. Je lui expliquai alors en lui donnant quelques exemples.  Alors, une fois qu’il eut compris ce que ça voulait dire, il me dit « Alors, moi, j’ai une qualité ». « Ah oui ? Laquelle ? » « La tortuance ! » fit-il la mine réjouie, ravi à la fois d’avoir compris ce qu’était une qualité et de m’envoyer un message sur les nombreux avantages que pouvait présenter la lenteur.
-         Votre enfant est un sage, assurément ! fit l’escargot ravi de voir qu’il existait dans l’espèce humaine des sujets sensibles à sa propre philosophie. On pourrait parler aussi de lentitude ou d’escargotance. Mais je vous accorde que tortuance est fort bien trouvé.
-         N’est-ce pas ? fit le marcheur très fier de la trouvaille de son fils
-         Bon. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. J’ai des choses à faire, fit l’escargot en entamant un demi-tour acrobatique sur le bord de la terrasse.
-         Attendez ! l’interrompit le marcheur
-         Quoi donc ?
-         Dites-moi. Je peux vous demander si vous vous considérez plutôt comme un sédentaire ou comme un nomade ?
-         Je ne me suis jamais posé cette question. A votre échelle, vous vous dites surement que je ne quitte jamais ce jardin. A mon échelle, je ne crois pas connaitre tous les recoins de cet endroit. Son exploration complète, c’est une vie pour moi. Ce que je peux vous dire c’est que je ne suis que rarement immobile et que ce qui m’anime, c’est le mouvement, même s’il est lent. Mais, ça, c’est une question de perception et de point de vue, n’est-ce-pas ?
L’escargot, après avoir souri – enfin, c’est ce qu’il semblait au marcheur-, l’escargot, donc, se retourna et entreprit de descendre la première marche de l’escalier qui le ramènerait dans son jardin.