lundi 19 août 2013

Lâcher-prise

"Apprenons l'art d'aimer sans espérance" Aragon

mercredi 7 août 2013

Nomadisme entre stabilité et mouvement, entre protection et ouverture

Cette photo, je l'ai prise à l'intérieur d'un tipi dans les Laurentides. Elle symbolise pour moi la beauté et le mystère du nomadisme ; à l'intérieur on est  entre ciel et terre, ombre et lumière, stabilité et mouvement, protection et ouverture.

mardi 6 août 2013

Celtitude assumée



Celtitude assumée, de Quimper à Dublin, de Lorient à Santiago, les cornemuses guerrières, les binious khoz stridents, les bombardes puissantes, les bodrhans, ces tambours irlandais qui jouent comme tout un orchestre percussif, les tambours crépitants, les flûtes magiques, les accordéons diatoniques qui soufflent leur peine ou leur joie, les fiddles qui jouent les équilibristes et  les guitares qui rythmenet le tout, lorsque ces sons montent du bas de la ville, l'oreille se dresse, les corps se lèvent, les âmes s'élèvent, lorsque ces mélodies s'évadent, elles semblent emporter avec elles le passé et le futur. 
Celitude assumée.
Ecoutez voir ça 

Doolin
Doolin' Extraits de l'album "Live in Lorient"
ou ça

Amazing Grace au Festival Interceltique de Lorient (FIL) 2011
Ken avo

Travail : souffrance ou accomplissement. Une nouvelle question de JkYTµ le martien.

Mais pourquoi parlez-vous toujours de travail ? dit JkYTµ *le Martien à un monsieur équipé d'une drôle de coque sur la tête, d'un gilet jaune fluo et d'un drôle de boitier noir avec une grosse antenne (probablement un accessoire signe de supériorité, pensa le martien).
- Pas vrai ! On parle aussi de turbin, de boulot, de taf, de job, de bizeness...
- Ouh la. Je ne connaissais pas tous ces mots...
JkYTµ se dit que le monsieur voulait obtenir grâce à ses yeux en essayant de lui apprendre des mots nouveaux... et puis, il se dit que non. Le monsieur voulait seulement parler, et c'était déjà bien. D'autres l'avaient moins bien accueilli avec ses questions bizarres lire ici "Mais pourquoi faites-vous la fête le Jour de l'an?"
- J'ai rencontré il y a peu de temps un médecin qui m'a dit que le mot travail était aussi utilisé chez vous quand une femme allait accoucher de son enfant. 
- Ah oui ! C'est vrai ! dit le monsieur au gilet jaune, un peu perturbé. 
- Et le même médecin m'a dit que le mot "travail" venait d'un ancien mot "Tripalium" qui était un instrument de torture. C'est bizarre d'appeler quelque chose que vous semblez faire tous les jours à une torture ou une souffrance.

- Ben... oui... je sais pas ... répondit le monsieur un peu bougon. Bon, j'ai du travail ! Alors, bon, voilà, je vais devoir...
- Vous voyez ? Vous recommencez ! l'interrompit JkYTµ, amusé.
- Ecoutez, c'est pas moi qui fait la langue française, hein ? j'y peux rien moi. 
JkYTµ se dit que la conversation avait bien commencé mais qu'elle commençait à déraper. Il devait calmer un peu le jeu.
- Je ne voulais pas vous embêter en vous posant cette question, vous savez. C'est juste que je m'interroge. Et quand je m'interroge, j'interroge la personne qui me semble adaptée pour réfléchir avec moi. Alors, j'ai une autre question.
- Allez-y, fit le monsieur, un peu impatient mais plus enclin à répondre.
- Le travail est-il pour vous une souffrance ?
- Heu ! Non ! Enfin, ça dépend des jours. 
- C'est-à-dire ?
- Et bien, parfois, on se fait mal, avec des outils ou des charges à porter.
- Oui, je vois que vous travaillez avec des grosses machines et puis, vous creusez des trous et puis vous semblez aussi construire des choses. 
- Oui, voyez ! On travaille pas devant un ordinateur ! 

- Et si vous deviez travailler devant un ordinateur ?
- Alors, là, ce serait une vraie souffrance, je crois. Je déteste ça. 
- Parce que ce n'est pas la même souffrance ? interrogea l'extra-terrestre 
- Non, pas du tout. Quand je me coupe ou que je me fais mal à un muscle, je peux le soigner. Quand je dois soigner une souffrance qui vient d'un problème d'envie, je ne sais plus la soigner ; l'envie, ça s'invente pas...
- Et vous croyez que c'est pour ça que vous appelez le boulot le "travail" ? Ça voudrait dire que les gens font quelque chose qu'ils n'ont pas envie de faire ou qui les font souffrir ?
- J'avoue que je ne sais pas répondre à votre question, fit le monsieur dépité. Ce que je sais, moi, c'est que j'aime mon boulot et que j'y viens tous les matins avec le sourire. Si les gens n'aiment pas ce qu'ils font, ils devraient changer, voilà tout. Mais, je sais que parfois ce n'est pas si facile d'avoir le choix.
Le martien et le monsieur se dévisagèrent un instant, comme pour mesurer l'écart qu'il y avait entre eux. Et puis, le monsieur, se redressa, le menton en avant.
- Mais, dites-moi, et vous, enfin... je veux dire, chez vous, enfin... là-haut, le travail, c'est quoi ? 
JkYTµ prit quelques instants avant de répondre.
- Nous, on n'a pas de "travail" à proprement parlé. Nous parlons plutôt - aux erreurs de traduction près- d'oeuvre, de construction, de projet, de partage. Nous associons donc le mot travail à son résultat, et donc le mot travailleur à ce qu'il fait : ouvrier, constructeur, projeteur, partageur. 
- Nous faisons ça aussi. Mais le mot travail, le mot commun à tous ceux qui font quelque chose, comment le traduisez-vous ?
Là encore, le martien prit son temps. Ce n'était pas facile de répondre à cette question. Il n'y avait pas d'argent sur sa planète et le rapport au travail était donc différent. Leur civilisation était organisée autour du partage de l'énergie et de la pensée, pas autour de la création de la richesse comme c'était encore la cas ici.
- Je crois que le mot qui s'en rapproche le plus est le mot "^§¤¤^p" qui se rapproche assez de deux de vos mots "accomplissement" et "quiétude". 

- Ah oui ! Pas mal ! Je crois que je fais ça la plupart du temps alors. Enfin, pour la quiétude, la tranquillité, je crois que je dois faire encore des efforts, fit le monsieur en souriant. 
- Tant mieux ! lui répondit le martien
- Bon, je dois vous laisser...j'ai des choses à accomplir, s'amusa l'homme au gilet jaune, la coque sur la tête et le boitier noir à la ceinture. 
- Merci de m'avoir parlé. C'était très intéressant. Merci aussi de mettre du cœur à votre ouvrage. Du coup, j'en ai encore plus sur le mien. 
- Ah oui ? Et c'est quoi votre ouvrage ? s'enquit le monsieur
- Probablement de récolter des surprises pour cultiver un futur plus surprenant. Je vous souhaite une belle continuation cher Monsieur.


JkYTµ : prononcer ki é tu

jeudi 1 août 2013

Le Roi Arthur et le géant vert : énigme

Le Roi Arthur se promenait à cheval dans la forêt de Brocéliande. Tout à coup, au détour d'un sentier, il vit apparaître devant lui un magnifique cerf. Jusque là, rien de bien surprenant : la forêt en compte des centaines. Non, la particularité de ce cerf était qu'il était blanc, totalement blanc, des bois aux sabots.
 
Le Roi Arthur, en chasseur invétéré, dégaina son arc et l'arma doucement sans faire aucun bruit. Le cerf le regardait toujours, droit dans les yeux, comme sûr de lui. Au moment où il voulut lâcher sa flèche, le Roi fut bousculé par quelque chose qu'il ne put identifier tout de suite. Son cheval fit une embardée et Arthur eut du mal à rester en selle. Le fier destrier- enfin, fier c'est une manière de dire- enfin calmé, le Roi Arthur put se retourner et ne vit dans un premier temps qu'une partie d'une jambe énorme qui appartenait elle-même à un corps immense, et, vert. 
- Il n'y a que moi qui ai droit de vie ou de mort sur les animaux magiques de cette forêt, lança le géant du haut de sa hauteur. Pour te punir Arthur, tu auras la tête tranchée.
Le souverain déglutit, puis se reprit, redressant la tête et le cou
- Qu'est ce qui te ...
- Tais-toi ! l'interrompit le géant vert. Comme c’est la première fois que je te prends sur le fait, je vais te laisser une chance. Si tu ne veux pas avoir la tête tranchée, tu devras répondre à une question.
- Laquelle ? fit le roi Arthur, un peu soulagé quand même
- La question est la suivante : quel est le plus ardent désir d'une femme ?
- Cela me semble simple, pensa Arthur assuré de trouver la réponse facilement avec toutes les femmes de son royaume : il lui suffira de toutes les interroger. 
Et le géant poursuivit
- Tu as un an, jour pour jour, pour trouver la réponse, et tu as droit à autant de réponses que tu le souhaites. Maintenant, va ! 

Rentré à Camelot, le Roi alla voir son épouse, Guenièvre. 
- Guenièvre, dis-moi. Quel est ton plus ardent désir ?
- Avoir beaucoup d'enfants, une ribambelle d'enfants, pour les entendre rire, les voir grandir et les aimer de tout mon cœur.

Arthur retourna alors voir le géant et lui dit ;
- Ça y est ! J'ai trouvé la réponse
- Vas-y ! Je t'écoute. 
- Le plus ardent désir d'une femme est d'avoir des enfants.
- Non. Ce n'est pas la bonne réponse, réfuta le géant vert. 

Le souverain, dépité, reprit son chemin vers Camelot et alla voir sa demi-sœur, la fée Morgane
- Dis-moi, ma chère sœur. Quel est ton plus ardent désir ? 
- La toute puissance, évidemment, lui répondit-elle.

Arthur retourna voir le géant et lui dit :
- Ça y est ! J'ai trouvé la réponse
- Vas-y ! Je t'écoute. 
- Le plus ardent désir d'une femme est d'obtenir la toute puissance
- Non. Ce n'est pas la bonne réponse, réfuta le géant vert. 

Et le roi Arthur, pendant toute une année, interrogea toutes les femmes de son royaume, en leur posant la même question. Mais à chaque fois qu'il rapportait la réponse au géant vert, celui-ci lui disait, immanquablement
- Non.Ce n'est pas la bonne réponse.

Alors, au jour dit, toute la cour, bien au courant du défi que le roi n'avait pas réussi à relever, s'était rassemblée dans la cour principale. Tous pleuraient à chaudes larmes. Les embrassades et les étreintes furent longues et humides. Le roi quitta Camelot, digne et simplement vêtu d'une tunique.

En chemin, il rencontra Egèrne, sorcière bien connue du royaume : on priait à chaque sortie pour ne pas la rencontrer. Elle était hideuse, puante et désagréable. Elle possédait, notamment, un nez tellement long et crochu qu'il lui rentrait dans la bouche. La voyant au loin, Arthur tenta de faire un détour, mais Egèrne lui fit signe de s'approcher.
- Bonjour Arthur. 
Le roi fut obligé de se pincer le nez, tellement l'haleine fétide de la sorcière empestait. 
- Bonjour, fit le souverain nasillard
- Je suis au courant, tu sais, de ton défi, et, moi, je connais la réponse, ricana la vilaine Egèrne
- Tu connais la réponse ? Mais donne-la moi vite ! C'est une question de vie ou de mort.
- Ah non, non, non. Je ne donne rien sans rien, moi. Contre la réponse, je souhaite épouser l'un de tes chevaliers, et celui que je préfère est le chevalier Gauvain, le champion des demoiselles en détresse. 
- Ah ! Oui ! Effectivement ! Pour toi,cela me semble adapté, fit le roi amusé
- Tu te moques de moi ? répondit la sorcière agacée
- Non, non, non. Je pensais juste à Gauvain.
Arthur hésitait bien sûr. Il se voyait annoncer la mauvaise nouvelle à Gauvain....Mais il connaissait aussi Gauvain et son dévouement pour son roi. Il lui trouverait d'autres avantages pour contre balancer ce sacrifice.
- D'accord. Tu épouseras Gauvain. Donne-moi maintenant la réponse. 

La sorcière fit signe à Arthur de se pencher vers elle, ce qu'il fit avec grand dégoût. La sorcière lui susurra alors la réponse à l'oreille. 

Le roi courut rejoindre le géant vert et lui dit ce que lui avait fait découvrir Egèrne. Le géant lui dit alors
- C'était bien la bonne réponse. La sorcière t'a sauvé la vie. N'oublie pas ta promesse. Va maintenant mais si je te reprends à tenter de tuer mes animaux magiques, tu n'auras pas d'énigme à résoudre.

Le roi guilleret, retourna vers Camelot en sautillant. Les fêtes pour son retour durèrent sept jours et sept nuits et au septième jour, les noces entre Gouvain et Egèrne eurent lieu.
 
A la fin de la soirée, Gouvain savait ce qui l'attendait. Il dut porter sa laide dans sa chambre pour la nuit de noces qu'il imaginait effrayante. Il déposa la sorcière puante sur son lit retourna fermer la porte et se retourna.

A sa grande surprise, la sorcière s'était transformée en une princesse d'une beauté inimaginable, la taille fine, de longs cheveux bruns éparpillés sur la couche blanche, des yeux violets d'un éclat de pierre précieuse.

- Eh oui, mon valeureux chevalier. Tu viens de découvrir mon sort. Je ne peux être belle qu'une partie de la journée seulement. Le reste du temps, je suis la sorcière que tu as pris dans tes bras. Alors, j'ai une question. Que préfères-tu ? Que je sois belle le jour et laide la nuit ou bien l'inverse ?

Quel affreux dilemme pour Gouvain ! Il tourna et retourna la question dans sa tête sans pouvoir se décider.S'il choisissait la première option, il pourrait se pavaner comme un coq avec à son bras l'une des plus belles princesses du royaume mais ses nuits risquaient d'être difficiles. S'il choisissait la deuxième option, il passerait assurément des nuits de rêve mais devrait supporter les sarcasmes de tous les sujets de Camelot.

Alors, au bout de quelques minutes, il dit à Egèrne ;
- Ecoute, je ne sais pas. Fais-donc comme tu veux !

Un éclair blanc éclata alors dans la chambre et Egèrne fut debout en un instant, le visage radieux et embrassa Gouvain. 
- Tu viens de me libérer de mon sort. Merci, merci mille fois Gouvain. 
- Mais, comment ? Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je dit ? 
- Et bien. Tu te souviens de la question du géant vert ?
- Oui bien sûr. Quel est le plus ardent désir d'une femme ?
- Et bien, la réponse est "Avoir le choix". Mon sort était de réaliser le désir le plus ardent pour une femme et tu l'as réalisé. Merci.