dimanche 28 novembre 2010

Et les pierres deviennent vivantes...

Chris est géologue. Il m’accompagne lors d’une randonnée en montagne. Il a voué sa vie à l’étude et à l’observation de la Terre en surface et en profondeur. Il est en quelque sorte un observateur de l’espace-temps. La matière qu’il observe est vieille parfois de plusieurs millions d’années. Du coin de leurs éclats de quartz ou de calcite, ces minéraux nous donnent de belles visions du passé. Ils nous disent aussi comment ils ont résisté aux changements climatiques qu’ils ont subis.

- Chris, dis-moi ! Comment se fait-il que cette pierre soit plissée ? On dirait une peau de Shar-pei, tu sais ? ce chien d'origine chinoise ?
- Oui, il y en a beaucoup par ici. Nous sommes sur un ancien passage de glacier.
- Un glacier qui passe ? fis-je l’air étonné

- Oui. Pour expliquer ce phénomène, il faut comprendre comment se constitue un glacier et comment il évolue. Tout glacier est constitué de trois zones : la zone d'accumulation où la pluie se transforme en glace, la zone de transport où le glacier est le plus épais et la zone d'ablation enfin où la fonte importante provoque la formation d'une colline ou d'un amas désorganisé de glace

- D'accord. Et alors ?

-
Et bien, c’est dans la zone de transport que l'érosion glaciaire est à son maximum. Les pierres y sont soumises à des forces gigantesques, plusieurs tonnes par centimètre carré. Les plis que tu vois sur cette pierre sont le résultat d’un frottement entre sa surface et les amas de pierre et de glace qui lui sont passés sur le dos. Belle résistance non ? Souplesse de la pierre, dureté relative et mouvement minéral ; tout dépend bien des conditions qui l’entourent. Tout bouge en fait, tu sais, même l’immobile. Il parait que les moines zen s’entrainent à regarder les pierres bouger, me fit-il avec un clin d’œil.

Même ce qui nous semble être immobile est mouvant. Et vous ?

dimanche 21 novembre 2010

Encore une histoire de mobilité. Téléportation : le thème de la biennale internationale du design de St Etienne.

Cette année, le thème de la biennale du design de St Etienne est "La téléportation". Stéphane Paoli qui enregistre en ce moment son émission 3D sur France Inter invite des physiciens, des designers, des informaticiens pour échanger sur ce thème. Le temps, l'espace, la beauté et la mobilité à l'intérieur de ces dimensions y est abordée de manière juste, décoiffante et lumineuse http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/journal-3D/index.php?id=95376 .
On y parle de la "vraie" téléportation ( La science sans fiction - Une équipe de l'Université de Genève effectue la première téléportation quantique à longue distance! http://www.unige.ch/presse/communique/02-03/0130quantique.html), de la téléportation "virtuelle" avec Internet, Second Life et la radio (le premier système de téléportation ?!). L'art, la physique et le sens de nos vies s'y trouvent interrogés. Magnifique !

Une sorte de vérité énoncée par l'un des invités de l'émission m'a frappé " Dans une phrase, c'est le vide entre les mots qui en donne le sens."
L'acceptation du vide n'est-elle pas le premier pas à faire pour donner du sens à ce qui nous entoure ?

Bon Dimanche !

PS : Extrait de l'émission : L'inventeur du neutrino, particule élémentaire, Wolfgang Pauli, imagine ce concept. 20 ans après, une équipe de chercheurs démontre son existence. L'équipe en informe Mr Pauli et Mr Pauli répond "Je le sais ! "

vendredi 19 novembre 2010

Une autre histoire de mobilité, au Zankskar cette fois

"Il faut quelque fois savoir abandonner ses enfants pour les sauver". Phrase choc qui vient terminer cette belle vidéo de présentation du film "La traversée du Zankskar".

Journey from Zanskar tells the story of two monks, seventeen children and some of their parents who undertake a journey in order to give the children better schooling and to pass on the tibetan (buddhist) culture at the same time.
http://ow.ly/3cqra

Une première tentative échouée à pied pour passer les cols de plus de 5000 mètres d'altitude, pour revenir à leur point de départ et repartir en jeep et en bus de Padum à Dharamsala. Les parents de ces 17 enfants pleurent à leur départ, les grands-mères pleurent encore plus ne sachant pas si elle reverront un jour leurs petits-enfants.

"Il faut quelque fois savoir abandonner ses enfants pour les sauver". Belle leçon d'humanité et de mobilité.

dimanche 14 novembre 2010

Santé, solidarité, liberté, changement : des caractéristiques communes aux retraités en camping-car et aux nomades de l'esprit

Selon une étude réalisée par un couple d’anthropologues ontariens, dont fait mention VRcamping (VR = Véhicule Récréatif), les campeurs et les caravaniers se sentent plus en santé que s’ils ne voyageaient pas puisqu’ils restent actifs. C’est la conclusion à laquelle en sont venus Dorothy et David Counts, auteurs du livre Over the Next Hill, an ethnography of RVing seniors in North America, après avoir parcouru le Canada et les États-Unis à bord de leur VR. Le couple a également souligné la richesse des rencontres et des découvertes ainsi que la paix d’esprit qu’amène le fait de voyager avec sa maison. Autre élément révélé par l’étude: l’importance de l’esprit communautaire. Les propriétaires de véhicules récréatifs ont à cœur d’échanger avec ceux qui partagent leur passion. Serge Loriaux le confirme: «Voyager de cette manière permet de s’ouvrir aux gens qui nous entourent. Quand vous êtes dans une maison, le voisin peut aimer la course automobile, mais pas vous, par exemple. Dans un camping, les gens sont comme vous, ils ont voyagé partout. C’est un monde à part.» Le point commun de ces nomades aux tempes grises? «Le goût de la liberté et de vivre dans la nature, croit M. Loriaux. Nous ne passons pas tout notre temps dans nos VR! Nous sommes dans un site de camping, à l’extérieur, avec un patio, des chaises… Nous jasons avec les voisins.» Choisir de vivre dans un VR est également une bonne manière de fermer un chapitre et d’en entamer un nouveau. La vie suit son cours, les enfants ont quitté le nid, d’autres familles viennent créer le leur et le quartier change de visage. «Quand on est plus jeunes et qu’on élève des enfants, c’est bien d’avoir une maison, conclut M. Loriaux. Mais rendu à notre âge, on est plus anonyme.» Sur la route, on regarde droit devant...
(Source www.canoe.ca La retraite en VR-
Marie-Julie Gagnon - Collaboration spéciale
© Serge Loriaux
)

Belles réflexions de ces nomades et belles leçons encore :
  • Vivre en meilleure santé : nomades géographiques ou nomades de l'esprit, vous profiterez d'une santé plus solide, d'un esprit plus alerte et d'une plus grande énergie
  • Vivre la solidarité : tous les nomades vous le diront ; les motards, les randonneurs, les "voileux". Dès lors qu'il reconnait chez l'autre un moyen de déplacement commun, il se sent plus proche et plus solidaire. En est-il de même pour les nomades de l'esprit ? Les internautes font preuve en tous cas d'appartenance à une communauté, l'explosion des réseaux sociaux en est une marque, les blogs et sites dédiés aux nouveaux paradigmes économiques, une démonstration. La solidarité fait-elle partie des valeurs de ces communautés ?
  • Vivre en liberté : Prôner la liberté de se déplacer comme, où et quand ils le souhaitent comme une valeur fondamentale de vie quotidienne semble être une caractéristique commune là encore à tous les nomades, y compris, bien entendu, les nomades de l'esprit
  • Vivre le changement, un passage d'un état à un autre ; cela n'est pas sans rappeler la symbolique du labyrinthe. La marelle, ce simple dessin qui nous faisait passer de la Terre au Ciel en poussant une pierre avec la pointe du pied en est une illustration qu'on retrouve dans tous les labyrinthes occidentaux ou orientaux. Le nomadisme comme un moyen de passer d'un état à un autre ; assurément une bonne manière de voir le nomadisme de l'esprit comme un facteur de réussite de changements.
Nomadisons donc, dans nos corps, dans nos cœurs et dans nos têtes ; l'abus ne nuit pas à la santé, bien au contraire !

jeudi 11 novembre 2010

Intuition, nomadisme et Kairos

Kairos est un jeune éphèbe grec qui ne porte qu’une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, soit on ne le voit pas, soit on le voit et on ne fait rien, soit, au moment où il passe, on tend la main pour saisir sa touffe de cheveux et l’arrêter . Kairos a donné en latin Opportunitas (opportunité, saisir l’occasion). Le kairos se rattache à un certain type d’actions qui doivent être accomplies «à temps» et ne tolèrent ni le retard, ni l’hésitation. Le Kairos est le temps de l'occasion opportune, un moment où le temps se "densifie", la perception d'un point de basculement en est presque matérielle. Difficile à se représenter dans nos langues modernes, le Kairos représente à la fois l'action et le temps, le général et le particulier, la compétence et la chance, la destinée et l'autonomie. Le Kairos est finalement plus proche d'une vision orientale du monde où tout est dans tout , la lumière et l'ombre, le positif et le négatif, l'opportunité et la menace.
Le nomade pourrait être nommé "Kairien" lorsqu'il est en terrain étranger ; il aiguise ses sens, les met en alerte, sort ses antennes. Son être tout entier embrasse ce qui l'entoure. Il est à l'affut des moindres détails, des moindres mouvements, des moindres modifications. Son intuition l'aide à "comprendre" plus rapidement son environnement et à attraper la touffe de cheveux du Kairos quand elle se présente. A l'instant où vous lisez ces lignes, le monde qui vous entoure, comme vous d'ailleurs, a déjà changé. Vous êtes nouveau dans un nouveau monde et le Kairos peut passer à côté de vous. Saisissez-le !

dimanche 7 novembre 2010

Les neo-nomades

3 millions d'années séparent l'apparition des premiers hominidés de leur début de sédentarisation avec l'apparition de l'agriculture, et seulement 10 000 ans séparent cette sédentarisation de notre XXIème siècle. Certains n'hésitent donc pas à affirmer que nos comportements fondamentaux de chasseurs-cueilleurs ne sont pas prêts d'être gommés et remplacés par ceux des cultivateurs-éleveurs.
Le développement des technologies de l'information et de la société 2.0 a permis la mise en évidence de ces comportements néo-nomades. David Berreby, écrivain scientifique, dit de ce phénomène "L'économie de l'information, création purement humaine, reproduit notre environnement ancestral, en remplaçant les paysages et les moissons par une version virtuelle" (Strategy+Business)
.
Nomades 2.0 ou Digital Nomades, i
ls sont hyper interconnectés - communautés ludiques, réseaux sociaux, forums, blogs, ...-, prônent la liberté de mouvement numérique- la "guerre" entre le pouvoir chinois et Google, les images pirates des événements au Tibet en 2009 ou partout où la censure est présente en sont des démonstrations éclatantes-, adoptent des attitudes de chasseurs-cueilleurs digitaux lorsqu'ils sont sur la toile - recherche en arborescence, progression intuitive, "fouineurs" invétérés-
Voici la caractérisation anthropologique d'un petit groupe de chasseurs-cueilleurs nomades dans le désert du Kalahari en Namibie ;
· Leur valeur ultime est la liberté de mouvement.
· Il existe une forte valorisation de l'autonomie personnelle des adultes.
· La plupart des comportements d'auto-satisfaction ou de domination sont proscrits.
· Ceux qui ne font pas preuve d'altruisme se voit opposer des sanctions morales.

Berreby suggère que le cœur du nomadisme repose sur une éthique égalitaire fondée sur une aversion du modèle du mâle dominant. Communauté, transparence, confiance et recherche de performance représentent à ses yeux les valeurs modernes de ces nomades digitaux. Ceci vient bousculer les discours trop communément véhiculés sur la génération Y : on les dit anti-sociaux frôlant l'autisme , indépendants frisant l'égotisme, hyperconnectés effleurant la déconnexion de la réalité. Ils sont peut-être l'embryon d'un nouvel esprit nomade qui comme sur la toile aura une progression virale, espérons-le !


Source ; http://www.digitalnomads.com/blog/