samedi 14 janvier 2012

L'agressivité nous appartient-elle ? Une histoire de chien

Il marchait seul dans une forêt de buis et aucun bruit ne venait perturber ses rêveries. Seuls les grillons, le bruit saccadé de ses pas et les frottements de son sac sur les buissons, venaient bercer sa marche. Il grimpait une pente douce et agréable. Il parvint sur un plateau d’où il pouvait voir une grande et belle vallée toute habillée de vert : le chemin blanc était clair devant lui ; une belle descente puis à nouveau une belle remontée. Il se remit en route et butta contre un bout de bois : il manqua tomber mais put se rattraper de justesse : son sac avait failli l’emporter dans sa chute. Un chien au loin se mit à aboyer. Le marcheur continua sa descente. Le chien continuait à aboyer. Le marcheur avait une peur bleue des chiens méchants : tout jeune, il avait dû fuir à plusieurs reprises devant des chiens agressifs. Il se rapprochait à chaque courbure du chemin et les aboiements du chien devenaient de plus en plus présents et oppressants.
Arrivé au bas de la vallée, il vit le chien furieux au loin sauter, aboyer. Il savait qu’il défendait son territoire, une ferme logée au fond de la vallée, mais ne pouvait pas s’empêcher de trembler. 
Son bâton, bien en main, il se fit menaçant, retrouvant un peu de force pour avancer alors que le chien bien planté au milieu du chemin lui barrait le passage à quelques dizaines de mètres. La violence qu’il recevait, il l’expulsait en devenant lui-même violent, menaçant, dominant. Il détestait ça mais cela le sécurisait et en plus, cela semblait fonctionner. Le chien ne s’arrêtait pas d’aboyer mais il n’avançait plus. Il n’aimait pas ça, vraiment. Se voir menacer le chien de son bâton le mettait vraiment mal à l’aise. Comme cela semblait fonctionner il en fit un peu plus, devant dominant à sont tour. Le chien se fit plus peureux, même s’il restait menaçant.  Il put passer devant le chien sans encombre et même si le chien le poursuivait au loin, de ses aboiements, il ne fit jamais rien contre lui.
La violence était quelque chose que le marcheur ne comprenait pas et il ne savait pas la gérer. Mais il devait faire face à ces attitudes, qu’il s’agisse d’animaux ou d’humains. En continuant son chemin, il prit conscience que cette violence qu’il avait projetée sur ce chien lui était étrangère : un peu comme si quelqu’un d’autre agissait à sa place. Il sut qui était ce « quelqu’un d’autre » comme une évidence, sans savoir si ce qui venait de se passer, l’aiderait ou le desservirait. Il avait juste le sentiment  qu’en étant conscient de cela, il devenait plus « lui » et moins ce que les autres avaient voulu lui inculquer, consciemment ou inconsciemment. 

Source image marcheur http://salvideo.canalblog.com/archives/2011/03/02/20526931.html

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