Tous les
matins, cet homme ouvrait les volets de sa chambre qui donnait sur son jardin.
Il prenait un grand bol d’air en s’étirant. Aujourd’hui, ce sera une journée
pas facile. Il doit se présenter au tribunal pour se défendre contre une
plainte que son voisin a déposé contre lui. Quel imbécile celui-là !
Déposer une plainte parce que le cèdre du Liban centenaire qui orne le fond de
son jardin, fait soi-disant de l’ombre à son potager. Aucune tomate ne peut
pousser. Il n’a qu’à faire pousser des pommes de terre, comme ça, il
n’aura pas de problème d’ensoleillement ! Il sourit mais il savait bien
qu’il ne pouvait pas avancer de telles solutions devant un tribunal ! Il
préparait sa défense en regardant son arbre. Magnifique, majestueux, sans ce
cèdre, son jardin et sa maison perdraient de la valeur, valeur pas seulement
esthétique mais financière. Par ailleurs, les racines de cet arbre plongent
très profondément en terre : le couper ou l’arracher pourrait porter
préjudice au reste des plantations et constructions à proximité. Couper une
partie des branches qui faisait de l’ombre aux tomates fragiliserait l’arbre à
coup sûr ! Non, le seul moyen était que le voisin change l’emplacement de
son potager !
A cet
instant, la sonnette de l’entrée retentit ! L’homme mit son peignoir
rapidement et descendit ouvrir. Le facteur lui présentait une lettre
recommandée. « Bonjour Monsieur ! Voulez-vous bien signer là s’il
vous plait ? ». Il s’exécuta sans regarder. Il n’était pas encore
tout à fait réveillé. Il ferma la porte en remerciant le facteur. Il ouvrit la
lettre et découvrit une lettre à entête
d’un laboratoire médical. Il ne comprenait pas : il n’avait pas fait faire
récemment d’analyse médicale. Il lit les conclusions de l’analyse « Taux
anormalement élevé de … » Il ne comprenait pas la signification de la conclusion. Il
retourna la lettre et s’aperçut qu’elle était destinée à son voisin ! Le
facteur avait fait une erreur. Il referma l’enveloppe et la porta à son voisin.
Un peu bourru, il dit à son voisin qui venait d’ouvrir sa porte :
« Tenez ! C’est pour vous ! Le facteur s’est trompé ! ».
Le voisin ouvrit l’enveloppe, lut la lettre du laboratoire, jusqu’au bout et la
replia avec un air de découragement évident. « Qu’y a-t-il ? »
demanda l’homme à son voisin. « Oh ! C’est ma femme ! Ça
confirme ce qu’on pensait ! Elle est condamnée ! ». « Ah
bon ? » dit l’homme incrédule. « Oui » répondit le voisin
« Elle n’en a que pour quelques mois ! Mais, bon, ça ne vous
intéresse évidemment pas ! On se retrouve au tribunal tout à
l’heure ? Je ne sais pas si j’aurais la force de dire que ça m’aurait fait
plaisir d’offrir à ma femme encore des tomates de notre potager avant qu’elle
ne parte ! ». Et il referma la porte avec rage ! L’homme
retourna chez lui, lentement. Il appela son avocat pour lui dire qu’il
abandonnait la défense : il couperait son cèdre centenaire comme le voisin
le demandait !
Cet arbre vu de cette perspective présente assurément
un aspect très différent de ce que vous imaginiez. Cet arbre, c’est peut-être
votre mauvaise habitude de manger gras, votre manière de gérer les conflits en
claquant la porte ou en fuyant, votre addiction à l’alcool ou à la
drogue ? Et peut-être, si vous changez de point de vue, verrez-vous alors les choses sous un autre
jour ?
Quatre
critères permettent une prise de conscience qu’un changement est nécessaire :
- Le dysfonctionnement présent : concrètement, nous devons observer des résultats non conformes à ce que nous avions prévus, imaginés ou à ce que le système dicte lui-même. « Je n’avais pas imaginé ça !
- La fin prévisible si cela continue. « Si je n’arrête pas, voilà ce qui risque d’arriver »
- La souffrance de l’autre (ou des autres). « Voilà les conséquences sur les autres !»
- Notre propre souffrance « Voilà les conséquences sur moi ! »
Vous pouvez appliquer ces
règles à tout changement. Si vous ne répondez pas oui à ces quatre questions,
vous pouvez être sûr que votre prise de conscience de la nécessité du
changement n’est pas complète.
- Le présent présente-t-il plus d’inconvénients que d’avantages ?
- En cas d’immobilisme, le futur est-il prévisible et désastreux ?
- Les autres pâtissent-ils de cette situation ?
- Et moi, est-ce que je pâtis de cette situation ?
Extrait du livre "Auto-coaching efficace" ©Éditions de l'homme 2011
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