dimanche 26 juin 2011

Marcher c'est penser hors des sentiers battus-Paradoxes de la mobilité

"Car sa vocation, c'est l'instabilité. Il n'y a pas d'ethnologie sédentaire. L'ethnologie de séjour elle-même est pour celui qui s'y essaie une épreuve intime de déséquilibre. L'ethnologue venu de loin est dans une situation particulière ; ses repères habituels ne sont plus là et il n'en a pas d'autres. Cette absence est pour lui un défi, une expérience et un atout. Elle le situe dans un lieu, ou un non-lieu, d'où se perçoivent à la fois la cohérence et l'arbitraire des règles. Il y entraîne, avec une certaine perversité peut-être, ses "informateurs", qu'il persuade en somme de considérer comme culturel ce qu'ils percevaient avant son arrivée comme naturel.
L'ethnologie est essentiellement critique ; faute de cette vertu, elle risque de s'aliéner aux illusions dont elle a la charge de rendre compte. L'anthropologie générale, qui est sa fin ultime, s'intéresse à tout mais ne s'arrête à rien. Elle n'est pas relativiste et ne s'intéresse aux différences que pour les dépasser. En ce sens, elle est essentiellement voyageuse."

Très beau billet de Marc Augé, anthropologue
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/06/24/paradoxes-de-la-mobilite_1540513_3232.html

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