dimanche 15 septembre 2013

Peines communes, tristesses solidaires

Un monsieur passe dans l’allée centrale, en nage, traînant sa valise,  au téléphone, énervé. Il parle arabe et français, un savant mélange des deux langues. On capte quelques mots. On comprend qu'il s'agit de sa femme au téléphone. Il dit en raccrochant "Elle va réussir à rater le train". Coup de sifflet, portes qui se ferment, le monsieur revient dans la voiture, parlant fort, sa femme le suit. Elle a finalement réussi à sauter dans le train. Ils s’assoient face à moi. Ils se calment, se sourient, s'embrassent tendrement et pudiquement. La femme s'endort. Son téléphone n’arrête pas de sonner. Celui de l'homme aussi. J'échange des regards avec l'homme, des coups de fil nombreux, je comprends qu'ils vivent un décès. Arrivés à Lyon, regard implorant de l'homme vers moi. Il dit "Je peux pas y croire" et fond en larmes. Je le prend dans mes bras. Je lui dis "J'ai perdu mon fils il y a un an et demi. On y arrive. C'est dur, mais on y arrive". Sa femme "Tu vois. Tu peux trouver du réconfort avec d'autres personnes. Merci Monsieur". Il pleure. Il me prend la tête. Il m'embrasse sur le front. Je pleure.
Il avait perdu son père le matin même.


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