Les Égyptiens viennent de donner au monde une leçon de changement. Douloureuse et courageuse colère, ténacité face à la résistance du pouvoir, solidarité des Égyptiens- le peuple ne fait plus qu'un-prises de positions géographique (la place Tahrir devient le lieu du changement- et idéologique- "Moubarak, dégage !" , nouvelle Constitution, nouveau Régime, slogans révolutionnaires déjà entendus ailleurs- les symboles sont forts dans ces moments de mutation profonde, ils servent à fournir de nouveaux repères, à rassurer, à redonner de l'espoir-, et puis, peur de l'inconnu, désespoir de voir revenir le passé, et enfin, libération et explosion d'une joie immense- belle et indispensable énergie pour renaitre, panser ses blessures et prendre un nouveau départ.
Autant de ressources nécessaires lorsque nous nous attaquons à un changement : des convictions profondes, une conscience éclairée de la réalité, une assurance que nous pouvons faire bouger les choses, la colère, la ténacité, la solidarité, la mise en place de nouveaux repères, la résistance à la peur et au désespoir, et face à ces épreuves, une capacité à agir seul. Le peuple ne faisait qu'un, seul face à son dictateur : nous, autour d'eux, n'avons pu qu'observer leur transition avec des yeux attentifs et émerveillés.
Changer et bouger est un acte solitaire. Les Égyptiens se sont retrouvés seuls face à leur destin, seuls sans être isolés, seuls et ensemble, seuls et soutenus. La solitude face au changement est une caractéristique qu'on retrouve dans de nombreux changements subis ou désirés. La capacité à tenir le coup dans ces moments de solitude constitue pour chacun d'entre nous une ressource essentielle. en conservant sur nous et ce qui nous entoure un œil toujours neuf. Comment nourrir cette ressource et la conserver à disposition pour nous préparer à nos propres changements ? Question centrale et paradoxale qui touche à nos capacités à rester seuls au milieu des autres tout en restant solidaires dans les prochaines transitions qui ne manqueront pas d'arriver.
Le changement reste fragile. Ce matin, Dimanche 13 février, des coups de feu ont été encore entendus place Tahrir...
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