La sédentarisation est ainsi synonyme de partage d’espace. Le sédentaire se pose en effet d’abord la question de la place qu'il occupe : lorsque nous souhaitons construire une maison, nous commençons par réfléchir à la surface dont nous avons besoin en fonction du nombre de personne à abriter, du niveau de confort souhaité et de nos expériences passées. Puis, nous regardons les moyens nécessaires, le budget, et ensuite, le temps nécessaire pour y parvenir. Nous ajustons ensuite notre budget ou le temps, rarement le projet de construction que nous avons conçu.
Le nomade, lui, raisonne d’abord en temps nécessaire pour parvenir à une destination puis en moyens pour y parvenir. De combien de temps dispose-t-il avant la fin de la journée, de la semaine, de la saison ? Dans ce temps qui lui reste, jusqu’où peut-il raisonnablement aller ? Quels moyens pour y parvenir ? Si la durée est jugée trop importante, il réajuste l’objectif… et s’arrêtera là où le temps lui aura permis d’aller. Le nomade « déspatialise » sa représentation du monde. L’important pour lui n’est pas le partage de l’espace mais la répartition des temps. Il « temporalise son existence » comme le dit Heinz Weinmann. Et l’espace devient le temps « Combien d’heures avant la tombée de la nuit ? » et non « Combien de kilomètres avant d’arriver ? ».
La pensée spatiotemporelle nomade vient bousculer et enrichir nos modes habituels. Et si nous raisonnions en temps qu’il nous reste à vivre, plutôt qu’en objectifs d’acquisition, qu’est-ce que cela changerait ? L’important ne se trouve-t-il pas plus dans le chemin parcouru que dans les biens acquis dans notre existence ?
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