Un bel article sur l'intuition dans le magazine Sciences Humaines
Extraits
Qu’est-ce que le flair de l’expert ?
« Regarde, un épervier ! » Avec l’expérience, l’ornithologue sait identifier d’un coup d’œil un oiseau en vol. Si vous l’interrogez pour savoir comme il peut l’identifier aussi vite sans le confondre avec une buse, il ne saura pas forcément vous l’expliquer. À force d’observer et comparer, les experts finissent par voir les choses d’un premier regard. En ornithologie, cette capacité d’identification rapide s’appelle le « jizz », terme dont on connaît mal l’origine (4).
Le jizz peut s’appliquer à bien d’autres domaines d’expertise : celui de l’antiquaire à qui il suffit de quelques secondes pour reconnaître l’origine d’un objet, celui du médecin pour identifier une maladie…
Deux types d’explication s’opposent pour rendre compte de l’intuition de l’expert. Parfois, on lit qu’il s’agit d’une « vision globale » acquise au fil de l’expérience, parfois qu’il s’agit d’une capacité de voir des détails infimes. En réalité, les deux explications ne s’opposent pas.
Car reconnaître une forme globale est également ce qui permet de discerner rapidement le « détail qui cloche »… Nous faisons tous cette expérience dans le domaine courant : la reconnaissance des visages. Pour identifier mon collègue de bureau, une vision globale suffit. Mais si quelque chose cloche par rapport à d’habitude – le timbre de la voix qui changé, les yeux cernés, une nouvelle coupe de cheveux –, aussitôt votre regard est en alerte. Il arrive parfois que quelque chose ait changé sans qu’on le voie : de nouvelles lunettes par exemple.
On voit bien que dans le cas du coup d’œil de l’expert, perception globale et sens du détail ne sont pas deux facultés distinctes mais peut-être la même chose.
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