Il était une fois une princesse- c’est
comme ça qu’elle se faisait appeler, enfin, plus exactement c’est comme ça qu’elle
s’habillait tout le temps et sa sœur, la poupée- enfin, qu’on se comprenne
bien, sa sœur n’était pas une poupée… sa sœur se faisait appeler comme ça…
enfin, plus exactement, les gens avaient tendance à l’appeler comme ça parce qu’elle
ressemblait à une poupée, donc, il était une fois la princesse et sa sœur, la
poupée, toutes les deux assises dans une barque au milieu d’une forêt de pins
parasol.
Elles jouaient ensemble et rigolaient bien. La poupée farceuse
trempait sa main dans l’eau et éclaboussait sa sœur en riant. La princesse pour
le coup ne riait pas ; elle regardait attentivement sa belle robe rose
pour vérifier qu’elle n’était pas sale. Alors, pour rire à son tour, la
princesse faisait tanguer la barque pour faire peur à sa sœur. Ca marchait
assez bien : la princesse riait et la poupée criait. Et puis de nouveau,
la poupée, une fois repris ses esprits, trempait encore sa main dans l’eau pour
éclabousser sa sœur. Ce jeu aurait pu continuer longtemps mais la princesse en
avait un peu marre d’être mouillée et la poupée en avait un peu marre d’avoir
peur de tomber dans l’eau. Alors, elles s’arrêtèrent et regardèrent un peu
autour d’elles. La barque avançait seule grâce aux courants gentils qui les
emmenaient doucement vers un pays qu’elles ne connaissaient pas
encore. L’air était doux, le soleil brillait à travers les arbres et de temps
en temps, un poisson venait à la surface de l’eau pour gober une mouche. C’était très
rigolo ça !
Au moment où la barque sortait d’un
méandre de la rivière, la poupée et la princesse virent au loin une drôle de
barque se rapprocher. Elle était chargée de gros paquets et menaçait de verser dangereusement.
Les eux sœurs ne voyaient pas comment cette barque avançait ni s’il y avait
quelqu’un à bord. La barque se rapprochait. Elles virent alors des rames actionnées
par quelqu’un qui soufflait et respirait très fort : la barque semblait très
lourde. La barque était maintenant toute proche
et elles comprirent que les gros paquets étaient en fait des gros cadeaux. Au
moment de croiser la barque, elles
virent que celui qui menait la barque était… un pingouin .
-
Bonjour, fit le pingouin en ôtant son bonnet
poliment
-
Bonjour, firent les deux sœurs en chœur. Ca a
l’air d’être dur de ramer, pauvre pingouin.
-
Oui, effectivement, mais je suis habitué. Je
fais ça toute l’année. Et puis au retour, ça va mieux. Comme vous le voyez,
dans l’autre sens, le courant permet d’avancer sans ramer.
-
Et que faites-vous avec tous ces cadeaux ?
demanda la princesse, un petit peu intéressée.
-
Et bien, je suis envoyé par le père Noël pour
tous les cadeaux qu’il envoie en cours d’année pour tous les enfants à qui il est
arrivé des choses pas marrantes. C’est une sorte de bonus. Mais comme il est
très fatigué de sa livraison de décembre, il demande à des gens comme moi de
livrer ses cadeaux bonus. Il y a aussi des sirènes, des dauphins ou des
licornes qui se chargent de ça. Mais, au fait, que je vérifie. Est-ce que vous
ne seriez pas sur ma liste ? Ce serait un hasard incroyable !
Le pingouin sortit de sa besace une longue liste écrite à
la main.
-
Je lis ici « Princesse Lena » et »Poupée
Eline ». Je trouve que toi tu ressembles drôlement à une princesse, et
toi, drôlement à une poupée.
-
Ouiiii, c’est nous, firent les deux sœurs en chœur.
-
Alors, j’ai pour vous, deux gros
cadeaux.
Le pingouin se retourna, fouilla dans les paquets et en
sortit deux jolis cadeaux qu’il remit aux deux sœurs.
-
Merciii, firent poliment les deux sœurs en chœur.
-
Vous le méritez bien je crois. Allez,
profitez-en bien. Et puis, vous savez, la vie vous réserve d’autres surprises encore,
soyez-en sures ! Cette barque vous emmène doucement vers un beau pays !
Alors, je vous souhaite bon voyage et peut-être à bientôt.
Le pingouin reprit ses rames et repartit de plus belle
pour livrer ses autres cadeaux.
La princesse et la poupée, sans attendre, ouvrirent leur
cadeau. Et savez-vous ce qu’ils contenaient ? Une robe en tulle rose pour
Lena et une poupée pour Eline, mais aussi, des crayons de couleur et accroché à
chacun des cadeaux un petit carnet où il
était inscrit « Voici le carnet de ta vie ». A l’intérieur, les
feuilles du carnet étaient vierges. Alors, chacune entreprit de faire un premier dessin pour commencer.
La princesse dessina un pingouin et la poupée… aussi. C’était un beau début.
Derrière, un rocher, une sirène et un dauphin avaient
observé tout ce qui venait de se passer.
Ils suivirent la barque sans se montrer,
protecteurs et attentifs.
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