samedi 28 mai 2011
Jouer coeur ou tricher
Face à la vie, face au mensonge, face à l'impermanence du monde, nous n'aurions que deux manières de réagir selon Cocteau. Tricher, mentir, se mentir, dissimuler, contourner, manipuler, se cacher derrière son petit doigt, s'empêcher de penser, s'aveugler, faire semblant de ne rien voir ou regarder ailleurs, jouer les naïfs ou les imbéciles, faire comme si rien ne bougeait, se convaincre que tout est tel qu'on le croit ou que rien n'est sous notre contrôle. Bref ainsi coiffé d'une perruque protectrice, habillé d'un costume de scène, les yeux derrière des lunettes déformantes, des bouchons dans les oreilles, nous choisirions ainsi de créer une réalité fictive pour nous maintenir dans un confort factice. Et comme la grenouille plongée dans cette casserole d'eau posée sur une plaque électrique, nous ne sentirions pas la température monter, trouvant même cette eau tiède très agréable, jusqu'à mourir sans avoir pu sauter de ce piège mortel.
L'autre voie serait de "Jouer cœur" : aimer, voir avec son cœur, suivre ses intuitions, consolider son socle de valeurs et prendre ses décisions en conformité de ses croyances profondes,
embrasser le monde tel qu'il est, sentir ses mouvements, toucher du doigt les mutations, être en conscience, ouvrir les yeux, être curieux, étonné, simple, aller là où son cœur nous emmène, là où nous sommes bien, en alignement avec ce que nous sommes. Bref, tout cœur dehors, toute conscience ouverte, tout nu et vrai face à ce qui nous entoure, nous avancerions plus loin, plus vite et vers un chemin plus clair, entrainant ceux qui nous entourent dans un même mouvement.
Et Cocteau a aussi dit
«Le verbe aimer est difficile à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif, et son futur est toujours conditionnel.» [ Jean Cocteau ]
Ce chemin là n'est donc pas simple mais si la vie était simple, nous ne serions pas des Hommes.
mercredi 25 mai 2011
dimanche 22 mai 2011
Pourquoi un réseau efficace ne compte-t-il que 150 personnes ?
Le groupe de 150 ainsi constitué se compose de "bandes" d'une quinzaine de personnes au cœur desquelles les interactions sont plus nombreuses, plus personnelles, plus approfondies. Il compare notamment nos échanges au cours desquels nos amis reçoivent nos colères, nos doutes ounos convictions, à de "l'épouillage social". L'observation des chimpanzés démontre en effet, que lorsqu'il y a eu épouillage entre deux singes, ils s'échangent ensuite de la nourriture de manière plus fréquente : la confiance s'établit par l'épouillage, le don de nourriture se fait alors en confiance pour espérer un retour lorsque la nourriture manquera.
Les outils ou recherches sur la cohésion et la dynamique des groupes font peu référence à cette notion de taille limite. Ce nombre vient remettre en cause un certains nombre de réalités :
- La taille des classes à l'école : Montessori ou Freinet conseillaient déjà de limiter les classes à une quinzaine d'élèves.
- La taille efficace des équipes dans les entreprises : la tendance aujourd'hui est d'augmenter le nombre de collaborateurs d'une équipe. Il devient de plus en plus courant qu'un manager soit à la tête d'une équipe de 25 à 30 collaborateurs. Il est d'usage de dire qu'une douzaine de personnes représente la "bonne" taille.
- La taille des entités dans les entreprises. Un bon exemple, celui de la compagnie Gore , celle qui a inventé le Gore Tex, et qui emploie 8000 collaborateurs dans le monde. Cette entreprise limite volontairement à 170 personnes environ chacune de ces unités.
- La taille des immeubles serait-elle à limiter pour n'y accueillir que 70 familles pour favoriser le lien social ? En tous cas, il semblerait que les villages de Grande Bretagne observés par Robin Dunbar compteraient en moyenne 150 personnes.
(1) La liste d'amis des abonnés sur Facebook compte 120 noms en moyenne. http://ow.ly/5050B
Lire aussi un bon billet sur le blog du Geckonaute http://ow.ly/505xt
dimanche 8 mai 2011
Hyperconscience
Philippe Presles en profite pour rappeler ce qui pour lui correspond à des sauts de conscience et nous donne des chemins pratiques pour aller vers qui nous sommes ou devenir ce qui nous plaît. A lire en urgence donc.
mercredi 4 mai 2011
La dictature de l'objectif
Sans objectif, point de salut donc ?
Albert O. Hirchman (Development Projects Observed, Washington Brookings Institution, 1967) dans sa critique du modèle rationnel de prise de décisions. Hirchman avance deux idées ou principes. « Les hommes ne savent jamais très bien ce qu’ils veulent : ils découvrent leurs buts, souvent des buts nouveaux, à travers leur expérience, donc à travers leurs décisions »
Les pratiques de progrès fondent leur réussite sur la mise en place d’étapes et la mesure de l’avancement par-rapport à ces étapes. Ça commence à l’école, où le système demande à l’élève de passer par des étapes en réussissant des « examens » pendant lesquels le corps enseignant observe de manière attentive son degré d’instruction. Cela continue par la pratique de sports ou de disciplines artistiques ; même schéma. Puis encore, dans la vie professionnelle, où le système nous demande d’atteindre des objectifs de performance, de productivité, de chiffre d’affaires.
Un objectif permet de se mettre en tension- tendre vers- d’élargir le champ de ses capacités, de se rapprocher de sa propre limite (ou celle qu’on imagine, en tous cas) - vous savez ? la fameuse barre des 10’ aux 100 mètres, qui a fait et qui fera encore longtemps rêver de nombreux sprinters-.
Mais l'objectif est-il pour autant un gage de réussite de nos évolutions ? Ne gâche-t-il pas les initiatives, les libertés, l'imaginaire ? L’obnubilation du but ne nous empêche-t-elle pas de regarder le bout de nos pieds ? Ne nous amène-t-elle pas à trébucher plus qu'à atteindre l'objectif ?« On ne va jamais aussi loin que lorsque l'on ne sait pas où aller. » (Oliver Cromwell- Homme d’Etat Anglais du XVIème siècle).
La dictature de l'objectif nous entraine vers un monde où avancer sans est une ineptie, le fonctionnement en mode Projet dans les entreprises est aujourd'hui réputé pour générer un stress énorme, pression du temps, du respect des jalons intermédiaires, des procédures. Les gouvernements s'y mettent, le monde enseignant y est depuis longtemps, le monde hospitalier s'y contraint.
Et si nous laissions aller, si nous faisions confiance, si nous mettions notre énergie dans le présent plus que l’œil sur les compteurs et les tableaux de bord ? Et si nous nous demandions pourquoi nous avons besoin d'un objectif pour avancer.
Si nous tentions le lâcher-prise ?
(1) Calligraphie d'Hassan Massoudy "Calligraphies d'amour"