dimanche 13 avril 2014

La princesse, la poupée et la sirène

La princesse, la poupée et la sirène
 



La princesse et la poupée s’étaient endormies dans leur barque, des rêves de lune et de robes-nuages plein la tête (La princesse, la poupée et la licorne). C’est un rayon de soleil qui les réveilla. Une branche d’arbre très feuillu agitée par le vent léger, au lieu de les éblouir brutalement, permettait au rayon de soleil de leur faire une douce caresse sur leurs visages endormis, comme une plume d’oiseau géant. Les deux sœurs ouvrirent un œil puis les deux, s’étirèrent longuement et s’assirent en se tenant bien aux rebords de la barque. Leurs estomacs firent le même bruit en même temps : « Grrrrouic ». Elles se tinrent le ventre en faisant la grimace :

- J’ai faim, fit la poupée
- Oui, moi aussi, fit la princesse. Je ne sais pas ce qu’on pourrait manger ici. Il n’y a que des feuilles et des herbes. On pourrait peut-être pécher ? Qu’est ce que tu en dis ?
- Du poisson, le matin ? répliqua la poupée avec un air effaré.
Ça serait amusant. Attends, tu vas voir.

Et la princesse sauta sur la berge pour courir auprès d’un arbre proche qu’elle avait repéré la veille. Cet arbre avait laissé tomber à son pied des branches qui ressemblaient vraiment à des cannes à pêche. Elle en choisit une pour elle et une plus petite pour sa sœur. Puis, elle visa un autre arbre qui était envahi de petites lianes qui pourraient très bien faire office de fil à pêcher. Elle en retira juste ce qu’il fallait pour en faire une ligne qu’elle noua à chacune des branches. Quant à l’hameçon, cela était plus compliqué… La princesse réfléchit et elle se souvint qu’un jour, sa maman lui avait dit qu’on pouvait pêcher des grenouilles avec un chiffon rouge. Ça devait être bon les grenouilles à manger. Et devinez de quelle couleur était le foulard qu’elle avait autour du coup ? Et puis, vous vous souvenez ? La veille, elles s’étaient amusées à imiter le son des grenouilles. Il devait donc y en avoir à proximité. La princesse déjà réfléchissait au moyen de les faire cuire sans pour l’instant trouver la solution.
Elle revint en courant vers la barque où la poupée sagement faisait des ronds dans l’eau avec sa main par-dessus le bord de la barque. Cela faisait pencher la barque et la princesse eut peur en voyant l’embarcation ainsi dangereusement versée sur le côté.

 Fais attention ! Ne te penche pas trop ! Tu risques de faire chavirer la barque ! cria la princesse à sa sœur.

La poupée sursauta, surprise par le cri de sa sœur, toute hypnotisée qu’elle était par les dessins que sa main faisait faire à l’eau calme sur ce méandre de la rivière.

- Tu m’as fait peur, grogna la poupée. Qu’est-ce que tu as trouvé ?
- Des cannes à pêches pour pêcher des grenouilles, affirma fièrement la princesse
- Des grenouilles ? Beurk ! Je ne mangerai pas de grenouilles, moi.
- Si on n’a que ça à manger, tu seras bien obligée, rétorqua la princesse

Elle finit de préparer les cannes en accrochant au bout de la liane des lambeaux de foulard rouge qu’elles avaient déchirés. Elle en remit une à sa sœur et lui dit :

- Allez viens avec moi. On va chercher des coins à grenouilles.

Elles descendirent toutes les deux sur la berge et remontèrent la rivière à la recherche d’endroits plus riches en plantes aquatiques. La princesse savait que les grenouilles aimaient bien se cacher dessous. Elles repérèrent un endroit propice et s’assirent sur le bord de la rivière et laissèrent tremper leur ligne dans l’eau. Les yeux rivés sur le bout de leur ligne, elles attendaient patiemment. Au bout de longues, longues minutes, ne voyant rien bouger, les deux petites filles désespérèrent un peu.

Tout à coup, la ligne de la poupée bougea. Stupéfaite, la poupée tressaillit : sa ligne s’enfonçait sous l’eau. Elle avait du mal à la retenir. Elle relevait la canne et ça devenait plus facile. Puis, elle s’enfonçait encore. Au bout de quelques tentatives pour faire sortir ce qu’elle pensait être une grenouille, la ligne ne fit plus de résistance. Mais, au lieu d’une grenouille, c’était autre chose qui était en train de sortir de l’eau ; une main, oui, une main qui tenait le foulard rouge et qui était en train de sortir de l’eau.

- N’ayez surtout pas peur, petites filles !

La voix semblait sortir de l’eau. Les deux sœurs effrayées lâchèrent leur canne et reculèrent brutalement sur la berge. Elles virent alors sortir de l’eau une femme d’une beauté éblouissante.

- Mais c’est toi qui a parlé ? demanda la princesse
- Oui, c’est moi. Mais ne soyez pas effrayées. Je ne suis pas méchante et je ne vous veux aucun mal, au contraire.
- Et qu’est-ce que tu fais dans l’eau 
- Je suis une sirène, répondit la dame, moitié poisson, moitié humaine.
- Une sirène ? Mais les sirènes vivent dans la mer. Et là, tu es dans une rivière…, dit  la poupée
- Oui, c’est vrai, mais parfois, je remonte le cours de la rivière un peu. Nous ne sommes pas loin de la mer ici tu sais ? Et puis, je suis une sirène un peu spéciale.
- Tu veux dire que tu es comme ton copain le pingouin ? dit la princesse en se souvenant de ce que leur avait dit le pingouin qui leur avait donné les cadeaux. (La princesse, la poupée et le pingouin)
- Oui, c’est ça. Et puis, je vous suis depuis hier. Et j’ai pensé que ce matin vous auriez un peu faim. Alors je vous ai préparé une surprise.
 Ouiiiiii firent les deux sœurs en tapant dans leurs mains
- Venez ! Remontez dans votre barque. Je vais vous remorquer jusque vers l’endroit où j’ai préparé votre déjeuner.

Les petites filles coururent à la barque et sautèrent à l’intérieur. Le sirène enfila sur son épaule la corde qui servait à retenir le bateau sur le bord et commença à nager. D’abord, lentement, puis de plus en plus vite.
- Tenez-vous bien ! Je vais aller encore plus vite. Vous voulez ?
- Ouiiiii firent les deux sœurs en tapant dans leurs mains.

La barque accéléra, les deux sœurs se tenaient bien aux rebords pour ne pas tomber. Elles riaient de bon cœur lorsque le bateau faisait parfois des bonds. La sirène diminua son allure à l’approche d’une clairière en bord de rivière.

- Voilà, vous pouvez descendre, lança la sirène une fois la barque assez proche du bord pour que les petites filles en descendent sans danger. Regardez ce que je vous ai préparé, juste là, à côté de ce grand saule pleureur.

Les enfants découvrirent alors avec bonheur une grande nappe sur laquelle était déjà installse de grands plats remplis de croissants, de gâteaux et de friandises. La sirène, à ce moment-là tapa dans ses mains, et, apparut alors de derrière les arbres une cohorte de tout petits hommes, des lutins, qui transportaient un repas de fête : du lait, du chocolat, des fruits, des laitages, du pain, du beurre et des jus de fruits. Tout cela sur un grand plateau qu’ils déposèrent sur la grande nappe blanche. Les deux sœurs affamées se jetèrent joyeuses sur ce festin imprévu. Pendant ce temps, la sirène toute joyeuse aussi leur offrit un spectacle de sauts hallucinants : elle plongeait puis jaillissait de l’eau, tournoyait en l’air et retombait en faisant de grosses éclaboussures. Cela faisait beaucoup rire la princesse et la poupée.
Après avoir avalé la totalité de ce que les lutins leur avaient apporté, le ventre bien rempli, les petites filles se reposèrent un peu. La sirène attendrie les regardait. Elle leur dit alors :

-       -   Je crois qu’il y a une autre surprise qui vous attend.
-       -   Ah bon ? Encore à manger ? fit la poupée un peu étonnée
-        -  Non ! Autre chose ! Je crois qu’un lutin vous a préparé un petit souvenir.

Un lutin sortit alors du bosquet dans lequel il était caché, portant un paquet cadeau dans les mains.
Les petites filles un grand sourire aux lèvres et tapant dans leurs mains sautillaient d’impatience. Le lutin leur remit le cadeau et sans un mot disparut dans les fourrés. Les deux petites filles déchirèrent sans attendre le papier et défirent les nœuds des rubans dorés  qui l’entouraient. Elles découvrirent alors un boitier avec sur le dessus un bouton en forme de sirène.       

Qu’est ce que c’est ? demandèrent en cœur les deux sœurs
-   - Une boite à commande de repas. Dès que vous aurez faim, appuyez simplement sur ce bouton. Je saurai que vous avez faim et je vous préparerai un bon repas. D’accord ?
-     - Ouiiiii firent les deux sœurs en tapant dans leurs mains. Merci beaucoup. C’est très gentil.
-      - Je dois partir maintenant. J’ai d’autres repas à préparer. A très bientôt Lena et Eline
-       - Mais comment connais-tu nos prénoms ?
-       - Chuuut ! C’est un secret. Dit le sirène en souriant largement.

Elle fit une dernière figure de saut périlleux et disparut sous l’eau. Les petites filles,  encore éberluées de ce qu’elles avaient vécu ce matin encore, rangèrent soigneusement le petit boitier avec leurs affaires, elles décrochèrent la corde de la branche dans laquelle elle était fixée et repartirent, laissant filer la barque sur le fil de l’eau.

Non loin de là, caché derrière un gros rocher, le dauphin les observait en souriant.


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